Description de Sancerre de Léopold Bonnin : Place Saint Jean


Place Saint Jean ou de l’Église (1) ( Présent dans ) ( recensement 1876 ) ( en )

Géolocalisation du lieu

La Place Saint Jean (vulgairement appelée Place de l’Église) est située à peu prés au centre de la ville et sur le point culminant de la montagne. (2)

Étymologie du lieu

Elle tire son nom de l’ancienne église qui s’y trouvait construite et qu’a été démolie en 1754, ainsi qu’on le verra ci-après. (3)

Description du lieu

Pendant longtemps, la Place Saint Jean servit de lieu de dépôt, les jours de marchés et de foires aux voitures vides et à celles chargées de bois de chauffage et de charnier et destinées à la vente. La place était alors tellement encombrée que les personnes se rendant à l’église pouvaient à peine passer et que si un enterrement avait lieu ces jours là, il fallait débarrasser la place et obstruer les rues avoisinantes en y dépassant les voitures placées au devant des portes de l’édifice. Cet état de choses dura jusqu’au 15 décembre 1855, époque à laquelle Monsieur le Maire Bonnet ordonna que les voitures vides seraient placées à d’autres endroits qu’il désigna et la place de l’église débarrasser. (4)

Détail du lieu

Deux rues et une place y aboutissent, savoir : au levant le prolongement de la Rue du Carroir de Velours , laquelle dans le principe, conduisait de l’Église Saint Jean {Bonnin page : 32} à celle de Saint Denis au couchant la Rue du Méridien qui conduisait à l’Église de Saint Pierre la None ou de Saint Père et au nord la Place du Puits Saint Jean . (5)

Une ruelle longeant la nouvelle église, au levant, conduisait avant 1830 de la Place Saint Jean dans le bas de la Rue de la Paix , vis à vis l’entrée de la Rue Gagnepain et permettait aux habitants des quartiers de fond André et défaut Martin d’arrivée plus rapidement à la Place du Marché aux légumes ou de Paneterie . (6)

Une partie de cette ruelle ayant été anticipée en 1830 par Monsieur Guillaume Hyacinthe Bonnet et transformée en jardin, la circulation se trouve forcément interdite aujourd’hui dans cette petite voie publique. (7)

A l’entrée de cette ruelle, sur la Place Saint Jean et à gauche, se trouvent deux petites cours dont jouissent Madame Lauverjat , boulangère et Monsieur Charlemagne Cassier , Maire actuel, mais dont l’emplacement appartient à la ville. (8)

Antérieurement à 1789, les auteurs des deux sous nommés avaient été autorisés par les Échevins d’alors à clore par une porte fermant la nuit seulement l’espace au question, pour empêcher le public d’aller y faire ou déposer des ordures. Madame Lauverjat a entre moins cette autorisation écrite et signée par les Échevins et où le droit de la ville est formellement reconnu. (9)

Il y a une quinzaine d’années, la ville allait poursuivre Madame Lauverjat et Marcelin Michel Cassier Alaberte , père de Monsieur Charlemagne Cassier , en restitution de l’emplacement anticipé lorsque ledit Monsieur Michel Cassier fut nommé adjoint. L’affaire fut ajournée. Après le décès de ce dernier arrivé en 1869 elle allait être reprise, lorsque la révolution du 4 septembre 1870 arrivant place la tête de la municipalité Monsieur Charlemagne Cassier . Il n’en fait plus question depuis lors Monsieur Lauverjat donc la portion juste la Place Saint Jean , abandonnant cette parcelle de terrain plutôt que de soutenir un procès. Son mur étant tombé depuis sept à huit sur déjà, elle n’ose le faire relever tant elle craint qu’une décision judiciaire ne vient un jour ou l’autre la forcer à le faire démolir. (10)

Les murs de clôture de ces cours ne sont construits que depuis 1842 ou 1843 et je me rappelle parfaitement avoir joué, dans son enfance, avec mes camarades, sur cet emplacement qui était voisin de notre maison et qui dépendant alors de la voie publique et anciennement du terrain appelé le Jardin de l’Église Saint Jean . (11)

Dans son histoire de Sancerre, Monsieur Poupard indique qu’originairement il existait une poterie sur la Place Saint Jean , je n’ai pu découvrir à quel endroit. Elle était installée. Je dois même dire, après examen d’une foule de vieux titres concernant toutes les maisons de la place, que dans ma pensée, Monsieur Poupard a fait erreur. Il aurait pris la Place du Puits Saint Jean , où le Marché à la Poterie a tenu pendant des siècles {Bonnin page : 33} pour la Place Saint Jean , qui était anciennement entourée de maisons bourgeoises ainsi qu’on le verra ci-après. (12)

Entre la ruelle dont il vient d’être parlé et la Rue du Méridien , se trouvent l’Église de Notre Dame de Sancerre et le Clocher . (13)

Avant de donner la description de ces deux édifices, il me semble utile de voir quelques mots de l’ancienne Église Saint Jean . (14)

Petite Histoire :Ancienne Église de Saint Jean

Petite Histoire :Les bancs de l’église contenaient les restes des parents

Plusieurs monuments funéraires étaient même élevés dans l’église : César De La Thaumassière , père de l’historien du Berry avait le lieu proche le Maître Autel , à main droite. Au dessus du buste du défaut, se trouvait cette épitaphe : (15)

Cy - git (16)

César Thomas , vivant Écuyer (17)

Sieur de la Thaumassière (18)

{Bonnin page : 34} (19)

En 1420, après la destruction des Églises de Saint Romble et de Notre Dame la paroisse fut transférée dans la ville, ou la Chapelle Saint Jean , desservie alors par la société d’ecclésiastiques qui avaient à leur tête un Prieur . Par la suite, cette société prend le nom de Communauté des Vicaires de Notre Dame de Sancerre . (20)

Petite Histoire :En 1435 durant plus de 4 mois Charles VII alors Dauphin vécu à Sancerre

Petite Histoire :Messe le 28 mars 1520 en présence de François 1er

Petite Histoire :En 1548 les huguenots chassèrent le curé et les vicaires de l’église

Petite Histoire :Église Notre Dame pose de la 1ère pierre le lundi 8 septembre 1659

Petite Histoire :Église Notre Dame le Clocher détruit le 18 décembre 1725

{Bonnin page : 36} (21)

En 1739, Monseigneur Frédéric Jérome de Roye de la Rochefoucaud Cardinal Archevêque de Bourges , vint visiter les débris de l’ancienne église. Il donna mission à un ingénieur de Bourges de se rendre sur les lieux. Celui-ci découvrit les fondements par le Curé Gourru , mais cette tentative n’eut pas de suites. (22)

En 1752, l’affaire fut reprise. L’Archevêque se transporta de nouveaux à Sancerre avec messieurs Denys Dodart , intendant de la province et le sieur Gendrier , ingénieur des ponts et chaussée pour le Berry et le 13 mars, en leur présence, les fondements furent de nouveau décapés et trouvés bons. Il fut constaté qu’un certains endroits ils avaient quinze pieds de profondeur et en d’autres huit et neuf, d’épaisseur six à sept pieds au fond et au niveau du sol cinq pieds. Des côtés oriental et occidental, le sol était de soixante dix huit pieds et du côté du midi de cinquante un pieds d’espaces en espaces des cintres soutenaient la maçonnerie. (23)

Le lendemain 14 mars, plus de quatre vingt vignerons et manœuvres de la paroisse furent employés à découvrir la Carrière Boyau appartenait à la ville (aujourd’hui connue sous le nom de Carrière des Chintres (Chaintres) et appartenant à différents particuliers) pour en extraire les quartiers nécessaires à la construction de la nouvelle église. (24)

En 1754, l’ancienne église fut démolie et l’on ne réserva que le caveau ou charnier dont est question ci-dessus et le Clocher qui devait être raccordé au nouvel édifice. {/H501} (25)

Petite Histoire :Église Notre Dame construction

Petite Histoire :Église Notre Dame Inhumations

Petite Histoire :Église Notre Dame pendant et après la révolution de 1789

Petite Histoire :Église Notre Dame la Déesse Raison

Petite Histoire :Église Notre Dame la statue de la Sainte Vierge transformée en sabot

Mon père, qui était tout enfant à cette époque, m’a bien des faits raconté qu’il avait vu des hussards entrer dans l’église avec leurs chevaux et en faire le tour (l’église était alors de niveau avec la place dont le sol n’a été baissé qu’en 1853). Des personnes de la ville poussaient même l’oubli de tout sentiment honnête et la haine contre la religion, jusqu’à offrir de l’argent aux enfants pour leur faire briser les vitraux à coups de pierres. {/H502} (26)

Petite Histoire :Église Notre Dame les cloches détruites le 27 septembre 1793

Petite Histoire :Église Notre Dame les cloches avant la révolution

Petite Histoire :Église Notre Dame les cloches durant et après la révolution de 1789

Petite Histoire :Église Notre Dame La Foudre sur le Clocher

Petite Histoire :Église Notre Dame durant les évènements de 1848

Petite Histoire :Église Notre Dame travaux en 1853

Petite Histoire :Église Notre Dame agrandissement

Petite Histoire :Église Notre Dame pétition pour son agrandissement

Petite Histoire :Église Notre Dame suite à la pétition

Petite Histoire :Église Notre Dame description des travaux, vitraux

Petite Histoire :Église Notre Dame les Chapelles

Petite Histoire :Église Notre Dame en 1874 description

Petite Histoire :Discussion sur la Sainte Vierge entre le curé et le pasteur protestant

Entre le Maître Autel et celui de Saint Jean et adossée au pilier séparant les deux nefs se trouve une statue en carton pierre de la Très Saint Vierge, dont la pose et les traits sont admirables. Acquise par Monsieur le Curé Pény en 1836, elle fut bénite le 21 novembre même année. Elle se trouvait avant l'agrandissement de l'église, dans une niche pratiquée au dessus de l'autel de la Sainte Vierge (nef actuelle de Saint Jean ). Un cœur en or gros comme le point exposé sur sa poitrine. C'est un ex-voto offert par Madame Esther Grangier veuve Goy pour remercier la Sainte Vierge de lui avoir conservé pendant la malheureuse guerre de 1870-1871, son petit fils Monsieur Louis Arnous , alors lieutenant aux mobiles de la Seine, actuellement auditeur au Conseil d’État. (27)

Entre le Maître Autel et la Chapelle de Saint Vincent et faisant pendant à la statue de la Sainte Vierge est une statue en plâtre du glorieux Saint Joseph , donnée par Monsieur Destinau , conservateur des hypothèques à Sancerre et son épouse, à l'occasion du mariage de leur fille avec Monsieur Charlemagne Cassier , avoué et actuellement Maire de Sancerre. (28)

Deux grands lustres dorés suspendu le 24 décembre 1847, au dessus du sanctuaire ayant plus de 1 mètres 50 centimètres de hauteur et au moins un mètre de diamètre font un très bel effet lors qu'allumés, ils sont vue du bas de l'église. (29)

Entre le sanctuaire et le haut chœur est également suspendu une belle lampe en bronze doré offerte à l'église, à l'occasion de la bénédiction des nouvelles cloches (ainsi qu'on le verra ci-après) par Monsieur le Comte et Madame la Comtesse de Montalivet . (30)

Le pupitre ou lutrin est également très bien. Il est en bois, peint en vert et doré sur les parties principales. Acheté par Monsieur Pény en même temps que les lustres ci-dessus, il était alors surmonté d'un bel aigle entièrement doré, aux ailes déployées et de grosseur naturelle, par les événements de 1870 eut fait reléguer dans le grenier de la Cure . (31)

Derrière les chantres se trouve un petit harmonium d'accompagnement acheté par Monsieur le curé Chaumereau du Sieur Paupart , fabricant de pianos à Sancerre, en 1872. (32)

La chaire placée du côté droit de la nef, en descendant du chœur à la Grande Porte est massive et sans aucune espèce d'ornement. Elle est surmonté d'un abat-voix . C'est l'ancienne {Bonnin page : 51} chaire du Curé Poupard , qui de 1793 à 1796 servit de tribune aux orateurs du Comité Révolutionnaire . (33)

En face la chaire est le banc d’œuvre qui n'a rien de remarquable et au dessus duquel est suspendu un grand Christ en plâtre qui doit remonter assez loin, à en juger par le bois de la croix qui bien que peint, accuse un age assez avancé. (34)

Au bas de la grande nef et proche la tribune se trouve un lustre en cuivre donné à l'église par Mademoiselle Bonnet en 1872 ou 1873. (35)

Petite Histoire :Église Notre Dame description de la Chapelle Saint Jean

Petite Histoire :Église Notre Dame description de la Chapelle Saint Vincent

Petite Histoire :Le bâton et l’autel de Saint Vincent

Petite Histoire :Église Notre Dame description du Chemin de Croix

Petite Histoire :Église Notre Dame objets du culte

Petite Histoire :Le bâton de Sainte Anne

Petite Histoire :Le bâton de Saint Éloi

Petite Histoire :Les Tableaux de Saint Vincent

Petite Histoire :Maître Chantre et chants berrichons

Petite Histoire :Prêt d’un tableau à l’Hospice

Petite Histoire :Église Notre Dame le Clocher

Petite Histoire :Église Notre Dame le Clocher inhumations

Petite Histoire :Église Notre Dame le Clocher partie supérieure

Petite Histoire :Église Notre Dame horloge

Petite Histoire :Église Notre Dame les cloches en 1860 bénédictions

Petite Histoire :Église Notre Dame le Clocher description

Petite Histoire :Église Notre Dame le cadran solaire

Détail du lieu

En sortant de la Rue du Méridien , pour entrer sur la Place Saint Jean , on trouve sur la gauche une maison avec pignon face au levant, bordé de rampes en pierre de taille. A l'extrémité inférieure de la rampe se trouvant dans la Rue du Méridien et à la naissance du toit est un personnage très grossièrement sculpté, assis sur ses talons, les reins appuyés sur la rampe et dont les bras sont relevés comme pour soutenir la maçonnerie. (36)

(37)

A l'exposition du nord, c'est à dire au bas de la seconde rampe une espèce de porc ou de sanglier cherche à grimper après le pignon et fait pendant au sujet précédent. Au centre de ce pignon est une fenêtre de grenier au dessus de laquelle se trouve un médaillon très grossièrement sculpté représentant une tête humaine dont les cheveux sont roulés en dessous et au devant de laquelle pend une sorte de gland ou cordon de sonnette. C'est très probablement le portrait du personnage qui a fait construire {Bonnin page : 66} cette maison. Aucune date n'indique l'époque de cette construction. Ce Logis est actuellement occupé par Monsieur Philippe Marie Guiochain , huissier , et il appartient à Monsieur Napoléon Quillier-Decencière , notaire , qui habite lui-même la grande maison adjacente au couchant et qui sera décrite à l'article de la Rue du Méridien . Monsieur Quillier (Napoléon Quillier-Decencière) l'a acquise d'Adélaïde Vallet , femme de confiance de Monsieur Symphorien Regnault , procureur de la République ( appelé ordinairement le Bossu Regnault en raison d'une gibbosité très prononcée dont il était affligé ), laquelle Adelaîde Vallot la possédait comme légataire de ce dernier qui est décédé dans cette maison en 1851 et l'avait recueillie dans la succession de son père Symphorien Regnault , officier de santé . En 1754, elle appartenait à Messire Louis Laurent, Prêtre, Prieur de Cayrols en Auvergne [L953] et auparavant à son père Maître Silvin Laurent [F940], procureur [M594] au comté de Sancerre et ancien Échevin [M644] de cette ville. (38)

La maison qui suit au nord, à laquelle on arrive par un escalier de quatre marches appartient au Sieur Auguste LeguayAlmain , qui l'occupe, et elle lui provient de son père Auguste Leguay Panseron surnommé « Gray la Butte ». Messieurs Rabadeux et Bariche , commissaires de police, ont successivement habité le 1er étage de cette maison de 1840 à 1850. Une cave qui en dépend et qui se trouve par derrière communique avec la Ruelle de Chavignol . (39)

Celle qui fait le coin de la Place Saint Jean et de la Place du Puits Saint Jean et qui se prolonge dans la Ruelle de Chavignol , sera décrite à l'article de la Place du Puits Saint Jean . (40)

Ces deux maisons sont construites sur l'emplacement d'une grande maison qui faisait face à la porte de l'ancienne Église Saint Jean dont elle n'était séparée que par un espace de cinq à six mètres et devant laquelle habitation fut lapidé le Sieur Cardaillet Sieur de Chiron en 1572 ainsi que le rapportent Léry et le Curé Poupard . En 1651, elle était habitée par Monsieur Pierre Barathon , contrôleur ordinaire des guerres et un jeu de paume y était installé. (41)

Après la démolition de l'ancienne Église Saint Jean , un ormeau fut planté par les soins du Curé Serais devant la grande porte du Clocher et en face la grande maison dont il vient d'être parlé. A l'époque de la Révolution, cet arbre qui devait être assez gros eut l'insigne honneur d'être choisi comme Arbre de la liberté par la municipalité mais quelques années plus tard il fut vendu pour cent trente francs au Sieur Jacques Guillerault . (42)

La maison qui forme l'autre coin, à l'exposition du sud ouest, appartient à deux propriétaire distincts. Le rez de chaussée ayant son entrée sur la Place Saint Jean ou de l’Église est habité par le Sieur Alexandre Levavasseur , tourneur sur bois , appartient à Mme Adelaîde Ricard , veuve de Romble Malleron et lui provient de son père François Ricard dit « Binault », perruquier . Le 1er étage auquel on arrive par un escalier aboutissent à la Place du Puits Saint Jean , en face la maison Vaillant , est habitée par le Sieur Jean Dhuie , matelassier et appartient {Bonnin page : 67} aux héritiers du Sieur Jean Michaud , décédé fabricant de chandelles à Cosne (Cosne sur Loire) et originaire de Sancerre. (43)

La maison qui fait suite et qui fait face au Clocher appartient à Monsieur Louis Desmarquois , mon beau père, boulanger , chantre de la paroisse et trésorier de la fabrique (Conseil de fabrique de la paroisse de Notre Dame de Sancerre). Elle est occupée par la née Suzanne Millérioux , veuve de Félix dit Alexis Galopin , charcutière. Elle se compose au rez d chaussée d'une grande boutique avec derrière de deux petites pièces d'habitation et cuisine par derrière. Au premier étage de deux chambres et de deux cabinets ayant deux fenêtres sur la place et deux portes par derrière ouvrant sur une galerie couverte régnant au dessus de la cour. Cave et grenier. (44)

Entre les deux fenêtres du premier étage se trouve un buste en pierre de 50 à 60 centimètres de hauteur au bas duquel est une inscription tellement mutilée qu'il est impossible de lire. La tradition rapporte que ce buste est celui de César Thaumas de la Thaumassière , médecin du Prince de Condé (Henry II de Bourbon-Condé) et père de l'historien du Berry, qui se trouvait dans l'ancienne Église Saint Jean , au dessus de sa tombe. Le fait peut-être vrai César de la Thaumassière , après avoir été zélé protestant, embrassa la religion catholique et fut inhumé après sa mort dans l'ancienne église paroissiale. A l'époque de la démolition de cette église, le propriétaire de la maison présentement décrite a lui pu ramasser ce buste dans les décombres et le faire encastrer dans la façade de son habitation. (45)

Cette maison est sans contredit celle qui a le plus attiré l'attention des touristes qui ont gravi la montagne de Sancerre. La façade était garnie du haut en bas d'une très grande quantité de petits médaillons en terre cuite, recouverte d'un émail bleu très brillant et représentant tous les personnages marquants de l'antiquité, de l'ancien et du nouveau testament. J'ai vu le sieur Pierre Cassier qui habitait cette maison vendre jusqu'à vingt et vingt cinq francs pièce ces médaillons qui étaient en réalité très curieux. Monsieur Desmarquais s'étant trouvé au mois de février 1866 dans l'obligation de faire démolir et reconstruire la façade de cette maison, fit enlever les quinze ou vingt médaillons qui restaient, mais il fit replacer le buste de la Thaumassière . (46)

Monsieur Desmarquais s'est rendu adjudication de cette maison moyennant cinq mille cinq cents francs suivant procès verbal d'adjudication reçu par Monsieur Julien Quillier , notaire à Sancerre le 20 décembre 1865, de Michel Cassier , boucher charcutier et de Célestine Rouzé , son épouse, de Sancerre. Elle provenait au sieur Michel Cassier de la succession de son père Pierre Cassier dit « Tesson » ou « Hérode », ancien boucher et ancien conseiller municipal décédé le 9 décembre 1865. Ce dernier l'avait acquise à titre de licitation d' Henry Cassier , son frère, ancien huissier , actuellement régisseur du Château du Pezeau, Jean Baptiste Thirot , cordier et Anne Cassier , sa femme, Claude Habert dit « la Montagne », boucher et Agnès Cassier , sa femme, et Marie Duthou veuve d'Henry Cassier , mère et belle-mère de tous les sus nommés, par acte du 25 novembre 1829, reçu par Maître Chérault , père notaire à Sancerre. {Bonnin page : 68} Les époux Cassier Duthou l'avaient eux mêmes acquise par acte du même notaire père du 12 décembre 1821 de Jean Habert , boucher et de Marie Raimbault . (47)

Le Sieur Jean Habert la possédait comme héritier d'Edme Henry Habert , son père décédé en 1817 qui l'avait acquise suivant contrat passé devant Maître Lesfilles , notaire et Taballion à Saint Satur le 2 septembre 1738 de Vincent Douard , lieutenant bailliage de Sancerre et d'Esmée Lepage , son épouse, demeurant en cette ville dans bien grande maison qui fait le coin de la Place de l'Église (Place Saint Jean) et de la Rue de la Paix moyennant mille livres. (48)

Madame Douard l'avait héritée de Jacquette Lepage , veuve d'Antoine Savinac de la Garde (Saulnat de Lagarde) , Écuyer , Seigneur de Veaugues et des Pasteaux, Chevalier de Saint Louis et Capitaine de Cavalerie. En 1581, elle était possédée et habitée par le Sieur James Moreux , hostellier . (49)

La grande maison, qui suit et qui a rez de chaussée et deux étages sur la place n'a rien de remarquable. La façade a été reconstruite en 1863 avec la partie située par derrière sur la cour. Je l'habite actuellement et c'est là que sont nés ma femme et mes cinq enfants. Elle appartient comme la précédente à Monsieur Louis Nicolas Desmarquais , mon beau père, qui l'habite aussi, avec mon neveu Octave Bonnin , boulanger . Celui-ci occupe la portion la plus rapprochée de la maison qui vient d'être décrite, quand à moi, j'occupe avec mon magasin de graineterie celle qui est adjacente à la maison ci-après. (50)

Monsieur Desmarquais l'avait acquise le 9 octobre 1834 d'Isidor Bouquet , boulanger , et de Madelaine Onézine Mignon , sa femme, par contrat reçu Maître Lahaussois notaire à Sancerre le 9 octobre 1834, moyennant cinq mille francs. (51)

Monsieur et Madame Bouquet l'avaient eux mêmes acquise de Gabriel Habert , père boucher , Gabriel Habert fils, André, Élie et Jean Habert , Marguerite Habert femme Baumann et Victoire Habert femme de Jean Baptiste Lejay , par acte reçu Clérault , notaire à Sancerre le 21 février 1826, moyennant trois mille cinq cents francs. Elle avait appartenu auparavant au sieur Edme Henry Habert , ancien propriétaire de la maison précédente et ne formait à cette époque avec cette maison qu'un seul et même bâtiment. L'origine de propriété est donc la même antérieurement audit Edme Henry Habert . (52)

En 1581, la cour par derrière, le bâtiment en basse goutte où se trouve actuellement la Boulangerie de mon neveu, lequel est adossé à la maison du Sieur Ricard dit « Thionville » de la partie du bâtiment principal jouxtant la cour ci-dessus formaient un jardin. La maison et le jardin appartenaient au sieur James Moreux déjà dénommé ci-dessus et auparavant à Jacquette Bourguigneau veuve de Martin Lasseur , dont il sera parlé ci après. (53)

Petite Histoire :Trésor dans une chaudière

A droite de ce couloir une chambre à alcôve ouvrant sur ce couloir par une porte et sur la place par une autre porte. cellier à la suite de cette chambre, surmonté d'un cabinet noir communiquant avec la dernière pièce. Petit cellier ayant son entrée par un corridor longeant la maison à l'est et commun avec Messieurs Planchon , Thomas Montagne et Madame veuve Mertz . Autre cellier à la suite du précédent ayant eu primitivement son entrée sur le couloir mais auquel on arrive depuis 1854 par une porte ouvrant sur la place, en face la petite Ruelle de l’Église . Au premier étage sont deux grandes chambres et une petite éclairées sur la place, deux cabinets noirs et un vaste grenier ou galetas éclairé par deux jours de souffrance sur les cours d'un café appartenant à Monsieur Galopin . Au dessus du tout se trouve encore trois grands greniers et un petit. Cabinets d'aisances au rez de chaussée et au 1er étage. (54)

Cette maison droit, d'après un acte reçu par Maître Delalande , notaire à Sancerre, le 7 juillet 1581, à trois jours (jour de souffrance) sur la cour de la maison voisine appartenant à Monsieur Desmarquis . Ces jours (jour de souffrance) ne peuvent être agrandis, mais ils peuvent au gré du propriétaire de ma maison être transportés à tel endroit de la muraille qu'il lui plaira sans que le voisin puisse élever aucune réclamation. Il est également tenu de recevoir les eaux pluviales découlant des toits. Le puits se trouvait dans la cour. La cour elle même les corridors séparant la maison d'avec la voisine à l'est, la fosse d'aisances sont commun avec Messieurs Thomas Montagne , Planchon et Madame Veuve Mertz . Cette fosse d'aisances qui se prolonge sous ma maison doit être entretenu à frais communs. (55)

(56)

Au dessus de la porte du grand couloir existe une pierre sur laquelle est sculpté un écusson où se trouvent gravées les lettres E.D.G. entrelacées, avec un cœur et le millésime de 1602. Cet écusson qui indique l'époque de la reconstruction de la maison excite au plus haut degré la curiosité des passants qui cherchent à deviner ce que veulent indiquer les trois lettres ci-dessus. C'est tout simplement le monogramme de l'un des propriétaires de la maison, le sieur Étienne Dargent Girardeau , ainsi qu'on le verra ci-après. Je me trouverai dans l'obligation de déplacer cette pierre lors des réparations que je dois faire, mais je ne manquerai pas de la faire replacer à un endroit apparent de la façade. (57)

Cette maison qui dans le principe n'en formait qu'une seule avec celles qui se {Bonnin page : 70} prolongent jusqu'au Carroir de Velours et qui appartiennent au Sieur Planchon François, à Madame Veuve Mertz et à Monsieur Thomas Montagne a servi à différents usages.En 1500, le rez de chaussée contenant un pressoir à huile et des écuries. Le 1er étage qui, comme on le voit, devait contenir une quantité de pièces était habité par des personnages marquants de la localité. En 1600 c'était un apothicaire qui occupait le rez de chaussée. Après 1765, ce fut un charpentier , le Sieur Thibault Déron , qui s'y installe. Un peu plus tard, la grande pièce en sous sol où se trouve le four et qui devait être anciennement une cave ou un cellier , fut convertie en fabrique de droguet (on appelait ainsi une sorte de drap fabriqué dans le pays). Le four en fut construit que vers 1780 et il fut depuis cette époque jusqu'à présent exploité pour la cuisson des pains de ménage seulement, par le sieurs Pierre Déron , Pierre Bonnin , mon aïeul paternel, Jean Baptiste Bonnin , mon père, Pierre Bonnin mon frère, François Boin et Étienne Ducloux , ces deux derniers nos locataires. (58)

Le premier étage fut habité depuis le commencement du siècle par Monsieur Jarry , Juge au tribunal de Sancerre, puis par le Sieur Étienne Habert dit « Pistaud », ancien grenadier à cheval de la garde Impériale de Napoléon 1er et chevalier de la Légion d’Honneur , par la Veuve Huchet par Marie Lasne et enfin par mes père et mère. (59)

Cette maison qui relevait du Comté de Sancerre comme étant située dans le censif du comté passe à tort ou à raison comme ayant appartenu à Jacques Cœur . Bien que la chose soit possible rien dans les vieux titres que je possède ne confirme cette opinion fondée peut être sur la présence d'un cœur au bas de l'écusson ci-dessus décrit. (60)

En 1581, elle appartenait à l'honnête femme Jacquette Bourguigneau , veuve du noble homme Martin Lasseur quand vivant élu pour le Roy à mor, demeurant à Sancerre dans ladite maison. (61)

Elle fut vendue par celle-ci ou par ses héritiers vers 1600 à Étienne Dargent , apothicaire et à Catherine Girardeau , son épouse, lesquels la firent démolir en partie et reconstruire en 1602, ainsi que cela résulte de l'écusson ci-dessus et de deux traités passés devant Maître Delalande notaire à Sancerre le 17 juillet de la dite année 1602 entre ces derniers et (62)

1) Blaise Pétanie et Léonard Barre , maîtres tailleurs de pierre du pays de la marche (63)

2) Claude Marguet et Simon Mignard maîtres charpentier à Sancerre. (64)

Elle passe ensuite successivement dans les mains de Jean Dechoys du Genetry (Dechoys du Genetry Jean), procureur et Échevin , puis Catherine Duboys , épouse de Jean Gévry de Boisrond et de Madame de De Foucault ci après nommés nièce de ces deux derniers. Le 19 août 1765 suivant acte reçu par Maîtres Dubaut et Gressin , notaire à Sancerre, Messire Guillaume de Foucault , chevalier, Seigneur de Rozay, de Berceau et autres lieux, ancien officier en régiment de Royale Artillerie, épouse de dame Hélène de Gévry de Boisrond, demeurant ordinairement à Bourges , paroisse de Note Dame du Four Chaud et qui habitait au 1er étage de cette maison plusieurs mois de l'année, la vendit à Pierre Thibault Déron , époux de Marie Boudon , maître charpentier en cette ville, moyennant douze cents livres et l'acquittement des droits seigneuriaux dus à la Dame Comtesse de Sancerre et à tous autres Seigneurs et sous la condition que le vendeur pourrait encore habiter le 1er étage pendant en temps déterminé. (65)

{Bonnin page : 71} (66)

Au décès de Marie Boudon , devenue veuve, la maison fut partagée entre Pierre Déron boulanger et Étienne Déron , cabaretier , devant Maître Sarton , notaire à Sancerre, le 4 germinal an 13. La portion qui m'appartient actuellement échut à Pierre Déron , l'autre qui s'étend jusqu'au Carroir de Velours échut à Étienne Déron . (67)

Le 30 janvier 1815, devant Maître Clérault père, notaire à Sancerre, Pierre Déron et Anne Lecoutre , son épouse, vendirent leur portion à Pierre Bonnin , mon grand-père et à Suzanne Picard , son épouse en 2ème noces, qui était la tante de ma mère, moyennant neuf mille francs et un double décalitre ou un boisseau (ancienne mesure de Sancerre) de braise par semaine, à titre de pot de vin, livrable jusqu'au décès des époux Déron . A cette époque les acquéreurs sous nommés habitaient déjà l'immeuble comme locataires. (68)

Au décès de ces derniers, la maison échut pour moitié à mon père Jean Baptiste Bonnin , comme héritier de Pierre Bonnin dont il était le plus jeune fils et pour l'autre moitié à ma mère Suzanne Bourgeois , comme donataire de Suzanne Picard , sa tante, morte sans enfants. (69)

Mes père et mère en jouirent jusqu'à leur décès arrivé en 1868 et à cette époque, lors du partage que je fis avec mon frère Pierre Bonnin des immeubles composant leur succession, par acte du 2 août même année reçu par Maître Napoléon Quillier (Napoléon Quillier-Decencière), notaire à Sancerre, nous la laissâmes dans l'indivision comme impartageable et nous en eûmes la jouissance commune jusqu'au 28 novembre 1874, époque à laquelle j'achetai de mon frère la moitié lui appartenant moyennant quatre mille francs. (70)

Les deux maisons suivantes qui s'étendent jusqu'au Carroir de Velours , appartiennent savoir : la plus rapprochée de celle ci dessus décrite au Sieur François Planchon , dit « Francis Coco », cordonnier et l'autre qui si trouve dans l'encoignure à Madame veuve Mertz , épicière . Le sieur Planchon a acquis la sienne en 1869 des héritiers de Louis Raimbault , bourrelier et d'Olympe Boucher , son épouse qui la tenaient de Jean Baptiste Joseph Alanor , tourneur sur bois à Paris , par acquisition faire en 1856. Ce dernier l'avait recueilli dans la succession de son père Marian Joseph Alanor dit « Bourguignon », qui la tenait lui même de son père Marie Anne Lejay veuve Alanor , sa mère. Elle avait été acquise en 1828 par celle-ci de François Déronchapelier à Sancerre, héritier d' Étienne Déron . (71)

Madame Mertz tient la sienne de Jean Maréchal , son père (dit « Choisette ») qui l'avait acquise vers 1869 des mêmes Louis Raimbault et Olympe Boucher . Cette dernière l'avait héritée de sa mère Marguerite Déron femme de Boucher laquelle était fille et héritière dudit Étienne Déron . (72)

Ces deux maisons qui n'en formaient anciennement qu'une seule avec la mienne ont à partir de dit Étienne Déron , la même origine de propriété. (73)

La grande maison sise entre l’Église et le Carroir de Velours , au centre de laquelle existe une {Bonnin page : 72} tourelle, sera décrite à l'article de la Rue de la Paix . (74)