Description de Sancerre de Léopold Bonnin : Château actuel


Château actuel ( Présent dans ) (1)

Géolocalisation du lieu

Le Château de Sancerre (Château actuel) appartenant actuellement à Mademoiselle Mathide de Crussol d’Uzès est situé sur le point culminant de la montagne. Il est entouré d’un parc qui joute la Place de l’Esplanade de la Porte César , le Chemin de la Porte César à Saint Romble , celui de Saint Romble à la Porte Oison , la maison d’Étienne Roblin , proche cette entrée de la ville, les jardins de Messieurs Charles Gressin , d’Edmond Malfuson , Rue des Degrés , celui de Monsieur Chenu Macnab , Place du Puits du Marché , les maisons de Messieurs Julien Quillier , Malfuson , Étienne Moreux , Rue Saint Denis , celles d’Étienne Semelet et d’opportume Préchiac (Preschiag), Impasse Saint Denis , celles d’Alain Spault , d’Édouard Bonnin , les jardins et maisons d’Abraham Habert et d’Antoine Rigaud , Place de l’Ancien Marché aux Chevaux , les jardins Léveillé Delante , Delaunay , Pierre Habert , Théophile Habert , Veuve Naudet , les bâtiments d’Émile Naudet et Étienne Naudet , celui de Madame Duchange née Boitard , Rue des Vieilles Boucheries , les maisons Étienne Naudet et Gay Girault , Place de la Halle . (2)

Description du lieu

Construit en 1873-1874 sur un plan irrégulier et peu gracieux et dans des proportions un peu trop restreintes, le Château de Sancerre n‘en est pas moins une résidence charmante, tout en raison de sa situation exceptionnelle que de sa distribution intérieure faite avec la plus grande intelligence par l’architecte chargé des travaux. (3)

L’entrée principale qui se trouva dans une tourelle au nord-ouest, conduit par un escalier monumental au 1erétage qui est de plein pied avec l’esplanade régnant au devant de la Tour des Fiefs . (4)

Les cuisines et leurs dépendances qui occupant tout le rez de chaussée du côté de la Porte César sont voûtées et elles communiquent avec des tronçons de souterrain de l’ancien Château convertis en caves. (5)

Le premier étage contient une salle de billard, renfermée par une cloison vitrée et se trouvant au haut de l’escalier, puis un grand salon, un petit salon, une salle à manger et un boudoir. Une quantité de chambres très convenablement installées sous le rapport de la commodité, mais toutes trop petites et trop basses de plafond occupent le surplus. (6)

Outre le grand escalier, un petit escalier de service ayant son entrée près des cuisines dessert les étages et le grenier. (7)

Deux immenses citernes reçoivent l’eau découlant des toits. (8)

A première vue l’on s’aperçoit que la fondatrice qui est célibataire et qui vu se {Bonnin page : 354bis} mariera probablement jamais, en raison de certaines infirmités dont elle est affligée, n’a pensé qu’à elle et qu’elle ne s’est point préoccupé des besoins de ses successeurs. Son château est une petite bonbonnière, un vrai appartement de fillette, dans lequel elle s’est plus à accumuler toutes les commodités désirables rehaussées d’un luxe du meilleur goût. (9)

Un peu au dessous du château, en descendant, et à l’exposition du nord-est se trouve un bâtiment contenant au rez de chaussée : les écuries, la sellerie et les remises et au 1erétage le logement des cochers et palefreniers . C’est sur ce bâtiment qu’est installée l’horloge du château. (10)

Enfin, proche la Porte César se trouve encore une grande maison, actuellement inoccupée dans laquelle doivent prochainement s’installer le régisseur , le jardinier et le concierge . Cette maison a été construite cette année même sur l’emplacement d’un autre bâtiment d’une apparence très mezzanine et qui depuis la fin du siècle dernier servait d’habitation aux propriétaires de la terre de Sancerre. (11)

C’est donc dans ce dernier bâtiment que le Comte Roy , sa fille la Marquise de Talhouët (Alexandrine Laure Sophie Roy), sa petite fille la duchesse d’Uzès mère de la propriétaire actuelle faisaient leur résidence et chœur s’étonnait de ne pas voir s’élever une autre habitation plus confortable et plus en rapport avec le rang et la fortune des héritiers du Comte Roy lorsqu’au mois de novembre 1873, le bruit se répandit que Mademoiselle Mathilde de Crussol (Mathilde de Crussol d’Uzès) étant devenue propriétaire de la terre de Sancerre par suite du décès de sa mère la duchesse d’Uzès était dans l’intention de construire un château sur la pointe du rocher, proche la Tour des Fiefs . L’arrivée à Sancerre le premier décembre suivant de Monsieur Clément Parent , architecte et de Monsieur Buttler paysagiste, confirma cette nouvelle. (12)

En effet, le 4 décembre les premiers travaux de terrassement furent commencés. Une allée carrossable partant de la Porte César fut ouverte à travers les charmilles et les rochers et alla aboutir à l’endroit choisi pour la construction du château projeté proche l’emplacement où se dressait anciennement La Tour Saint Georges de la vieille forteresse féodale. Une multitude d’autres allées fut tracée, les anciennes furent modifiées et améliorées. L’esprit du parc fut changé en peu de jours. (13)

Des fouilles pratiquées à différents endroits à l’effet de retrouver le puits de l’Ancien Château (Ancien Château Féodal) restèrent infructueuses, l’architecte sans tenir compte des avis émis par quelques personnes de la localité en mesure de le renseigner. A ce sujet d’une manière à peu près certaine, ayant constamment dirigé ses recherches trop près de La Tour Saint Georges . Ce puits doit se trouver presque en face la Porte de la Tour des Fiefs et à une assez grande profondeur, car la démolition des tours et des bâtiments environnants ainsi que les terres végétales déposées en cet endroit par Monsieur le Comte Roy , ont dû recouvrir l’orifice de ce puits de débris d’une épaisseur de plusieurs mètres. Si jamais des fouilles sérieuses sont faites sur le plateau on y trouvera des choses excessivement curieuses, notamment tout le rez de {Bonnin page : 355} chaussée de La Tour Saint Hilaire . (14)

A l’époque ou commencèrent ces travaux, le pays était dans la désolation. Les ouragans des 27 et 39 juillet précédent avaient ruiné le vignoble et arrêté du même coup toutes les transactions. Les vignerons ainsi que les ouvriers des différents corps d’état se rattachant à l’industrie du bâtiment se trouvaient sans travail et sans ressources. Mademoiselle d’Uzès ouvrit par les travaux de terrassements et de construction de son château de vastes ateliers où tous purent trouver du travail et un salaire assuré et rémunérateur. (15)

Un nombre d’ouvriers variant entre cent et cent cinquante, tous du pays, car ordre avait été donné de n’accepter les étrangers qu’en cas d’insuffisance de ceux de Sancerre, travaillèrent pendant tout l’hiver 1873-1874 tout à la confection des allées qu’au déblaiement et à l’extraction des débris provenant de l’Ancien Château (Ancien Château Féodal). (16)

Qu’il ne soit permis de remercier ici Mademoiselle d’Uzès au nom de mes concitoyens, de ce qu’elle a fait pour le pays dans cette circonstance. (17)

Les travaux menés avec intelligence par un conducteur (conducteur de travaux) du nom de Boulanger que l’architecte avait amené de Paris , mirent à nu l’enceinte de l’ancienne forteresse bâtie sur des rochers à pic. La Tour Saint Georges montrait sa base entière à une hauteur de six à huit mètres, mais comme il s’agissait de la détruire de fond en comble pour asseoir les fondations de la nouvelle construction, les ouvriers tournèrent tous leurs efforts de ce côté. La maçonnerie était tellement dure qu’il fallut employer constamment la mine . 250 kilogrammes de poudre furent employés à cette occasion et 1784 coups de mines furent tirés en l’espace de 117 jours. (18)

Le mûr de l’ancienne Chapelle Saint Hilaire , regardant la Loire , et dans lequel se voyait encore l’emplacement de 3 grandes fenêtres fut également abattu. (19)

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Des monnaies romaines furent trouvées à une grande profondeur. J’en ai vu de parfaitement conservées à l’effigie de Constantinus Junior , de la même dimension que celles trouvées en 1856 et 1866 à la Folie près Saint Thibault lors du débordement de la Loire . Des poteries et ustensiles de ménage de différentes natures, des vieilles clefs, des débris de sculptures, des gargouilles représentant des animaux fantastiques, des squelettes et des cercueils en pierre de l’époque carolingienne furent aussi trouvés pendant le cours des travaux dans l’enceinte de la propriété, mais particulièrement au pied des vieilles murailles. Le 19 juin 1874, la 1ère pierre du nouveau château fut posée par Mademoiselle d’Uzès après avoir été bénite par Monsieur Chaumereau , curé Archiprêtre de Sancerre. Une médaille commémorative introduite dans une cavité insérée au milieu de la pierre, rappelant l’époque {Bonnin page : 335 bis par erreur, Bonnin page : 355 bis }de la fondation du Château. (21)

Le nom de la fondation, portait aussi l’indication que l’œuvre était mise sous la protection spéciale de Saint Georges et Saint Hilaire . (22)

Un feu d’Artifice fut tiré le soir même sur le plateau, par les ouvriers, en signe de réjouissance. (23)

Le gros œuvre fut terminé au mois d’octobre 1815, mais les ouvriers serruriers , menuisiers , peintres , plâtriers et tapissiers ne cessèrent de travailler jusqu’au samedi 14 octobre 1876, jour de la prise de possession et de l’installation définitive de Mademoiselle d’Uzès (24)

Ce jour-là, vers les cinq heures du soir, Monsieur Chaumereau , curé Archiprêtre de Sancerre se rendit au Château, accompagné du Sieur Charles Gressin , sacristain , pour procéder à la bénédiction du nouvel édifice, sur l’invitation expresse de la propriétaire. Il y trouva nombreuse assistance. (25)

Petite Histoire :Inauguration du nouveau château

A huit heures du soir et malgré un brouillard très intense et un peu de pluie, un feu d’artifice fut tiré devant le château. La vieille Tour des Fiefs fut illuminée en feux de Bengale et sept coups de canon furent tirés au sommet des ruines de La Tour Saint Hilaire avec la vieille pièce d’artillerie, que possède la ville et qu’elle a été autorisée à garder comme souvenir historique par décret de l’Empereur Napoléon III en date du 18 août 1863. (26)

Le surlendemain 16 octobre eut lieu la bénédiction des communs comprenant les écuries et le logement des cochers et autres domestiques . (27)

Toute la maçonnerie du château fut faite par le Sieur Jean Lagautrière maître maçon à Saint Satur , la serrurerie par le Sieur Pierre Milhiet , serrurier à Sancerre, Rue de la Paneterie qui s’était chargé au même temps de la fourniture et de la pose des charpentes en fer. La peinture par le Sieur Alexis Spault , peintre , Place de la Halle , la plâtrerie par le Sieur Pierre (dit Baptiste) Bonnin , plâtrier , Rue de Bourges et la menuiserie par le Sieur Louis Leduc dit « Le By », menuisier , Rue Saint Denis . (28)

{Bonnin page : 358} (29)