Description de Sancerre de Léopold Bonnin : Rempart des Augustins


Rempart des Augustins ( Présent dans ) ( en ) (1)

Étymologie du lieu

Le Rempart des Augustins doit son nom à l’établissement religieux dont j’ai donné la description à l’article de la Place Saint André et dont les jardins s’étendaient jusqu’à la voie publique dont il est actuellement question. (2)

Détail du lieu

Dans la majeure partie de son parcours et spécialement vis à vis des jardins {Bonnin page : 406} Danjou Naudet , Meynial et Veuve Hugret , dont je parlerai ci-après, on aperçoit avec sur le côté gauche de la grande avenue, en allant de la Porte César à celle de Saint André et presque au pied des arbres, les traces de l’ancien mûr d’enceinte de la ville. (3)

Bien que le point de vue ne soit pas aussi beau qu’à la Porte César , il est encore très recherché des promeneurs. On peut y contempler le cours de la Loire depuis Pouilly (Pouilly sur Loire) jusqu’à Myennes, tout le val, Saint Thibault et son magnifique pont en fil de fer, Saint Satur et sa belle église, le canal latéral à la Loire [L808]. Cosne [L909] avec les casernes dont la couverture en tuile neuve forme un long cordon rouge qui attire immédiatement les regards, la Forêt de Charnes [L718] avec sa belle avenue conduisant à l’ancienne Chapelle et au Carrefour des Six Routes [L697]. Puis Fontenay [L806] avec ses fontaines et ses blanchisseuses, la ligne des montagnes depuis celle du Roc [L771] jusqu’à celle de Belle Chaume [L209] et dans les replis desquelles on découvre Sainte Gemme [L851] avec son clocher pointu, Verdigny [L818], Chaudoux [L876], Chavignol [L180] avec son église et son clocher, Amigny [L170] et la petit Manoir de Saint Martin [L168]. (4)

Le côté gauche, en partant de la Porte César , comprend : (5)

1) Le jardin Danjou dont il a été question à l’article de la Place de la Porte César , lequel jardin n’est clos de mûr que depuis 1876, (6)

2) Le jardin de Madame Veuve Étienne Naudet qui est une des propriétés les plus agréables de la ville. Monsieur Naudet qui était un Horticulteur distingué, a su grouper là tous les agréments possibles, charmilles , fleurs, fruits, etc. Ce jardin a son entrée par une petite porte située à l’extrémité ouest du mûr Danjou et sur une petite éminence que la ville a cru devoir conserver jusqu’à aujourd’hui pour ne pas obliger la propriétaire à établir une entrée à un autre endroit. (7)

3) Le jardin de Monsieur Antoine Meynial , négociant en gros, qui lui provient, par voie d’acquisition, de Monsieur Jean François Lauverjat Naudet , dit « la Grenouille ». D’importants changements y ont été faite par le propriétaire actuel. Une maison à un étage joutant le jardin Naudet a été abattus. La plus grande partie de ce terrain qui était en pré a été convertie en jardin. Des plantations d’arbres verts y ont été faites et la grande porte cochère qui aboutissait au Rempart a été abattue et remplacée par une petite porte. (8)

Les trois immeubles ci-dessus ont des sorties particulières sur la Place de l’Ancien Cimetière , mais ces portes ne sont ouvertes que par tolérance et sans droit (voir l’article de l’ancien cimetière). (9)

En 1650, ils ne formaient qu’une seule pièce appelée le Champ de Saint Martin et appartenant à Monsieur Grenet de Préfontaine , avocat . (10)

4) Le jardin de Madame Veuve Hugret , qui a sa principale entrée dans l’Impasse Saint Martin et sa sortie sur le Rempart. Au devant de ce jardin et sur le côté gauche de la grande allée du rempart, au pied des arbres, on voit encore les vestiges d’une des tours qui flanquaient le mûr d’enceinte. (11)

(12)

{Bonnin page : 407} (13)

5) Le jardin du Consistoire protestant, dont il a été parlé à l’article de la Place Saint Martin et qui appartient actuellement aux héritiers Sarton (voir à la Place Saint Martin ) (14)

6) Le jardin de l’Hospice (Hospice Civil) qui s’étend depuis le rempart jusqu’aux bâtiments de l’établissement. Lors de la construction du mûr établi sur le rempart, l’administration de l’Hospice (Hospice Civil) a anticipé de 7 à 8 mètres sur la promenade avec l’assentiment de Monsieur Bonnet , maire. L’ancienne haie qui de ce côté formait la limite du jardin existe encore. (15)

7) Le jardin de Monsieur Jules Habert , appelé anciennement le jardin de Monsieur et qui appartenait alors au Comte de Sancerre . Il avait été donné par ce dernier aux Religieux Augustins , qui possédaient déjà le jardin qui va suivre. (16)

8) Le jardin des Augustins dont la description a été donnée avec celle des bâtiments édifiés sur l’emplacement de l’ancien couvent et une écurie aux magasins adossés à une construction dépendant de la propriété suivante. Ce jardin forme coche sur les précédents et avance considérablement sur le rempart. (17)

9) La cour de Sieur Michel Bernon dans laquelle se trouvent : Une écurie adossée à celle dépendant de la maison des Augustins une huilerie et une grange. Cette cour qui a sortie sur le rempart par une porte cochère faisant face à l’entrée du Chemin des Blanchisseuses conduisant à Fontenay , était il y a une dizaine d’années un jardin élevé de 4 à 5 mètres au dessus du sol actuel du rempart (qui dans cette partie appartient au département sous la dénomination de Route de la Charité ou neuve, ou inutile , comme on le verra plus loin). Ce jardin dépendait de la maison Tribaudet appartenant aujourd’hui audit Michel Bernon et convertie au Cabaret sous l’enseigne de « La Croix d’Or ’ », Place Saint André . Une terrasse régnait sur toute la largeur de ce jardin qui communiquait avec le rempart par une petite porte dont on aperçoit encore l’emplacement dans la muraille, proche la propriété des Augustins. (18)

10) Une maison à un étage avec balcon, appartenant à Pierre Thirot dit « Ficelle », ancien cordier et ancien marchand de graines et lui provenant de son père Jean Baptiste Thirot dit « Cadet ». (19)

11) Enfin l’encoignure d’une maison déjà décrite à la Rue Saint André et appartenant à la Veuve Semelet Jules dit « Fenat » et à ses enfants. (20)

Au devant des jardins Naudet ,Meynial , Hugret , et ceux du Consistoire , de l’Hospice (Hospice Civil) et de Monsieur Jules Habert , sont établies des corderies exploitées par les Sieurs Joseph Augendre dit « Genoux » et François Chenuet dit « Cheniot ». Une cabane construite proche la porte du jardin Naudet abrite les ustensiles de Sieur Augendre . Ceux du Sieur Chenuet tous dans une autre cabane construite par ce dernier dans l’encoignure du jardin Habert et de celui des Augustins L’emplacement de ces deux cabanes appartient à la ville. (21)

Le côté droit du Rempart des Augustins , en partant de la Porte César comprend un petit nombre de construction seulement. (22)

A partir du chemin descendant à Saint Romble , une rampe en terre de 60 à 70 centimètres {Bonnin page : 408} de hauteur sur un mètre de largeur, établie pour garantir les voitures qui descendent de la ville et qui pouvaient dégringoler jusqu’à la Route de la Charité sépare les vignes des Remparts et s’étend jusqu’au jardin Rotillon ci-après. Sur la crête de cette rampe sont établis trois bancs d’où l’on jouit d’une vue ravissante, mais d’où se reculent avec terreur les personnes sujettes à des étourdissements. Ces bancs sont littéralement suspendus au dessus du vide et les personnes qui s’y reposent ont pour ainsi dire sous leurs pieds la route situé plus de 60 mètres au dessous et plus bas encore le Vallon de la Billette et Saint Satur . (23)

Proche le premier de ces bancs sont deux poteaux télégraphiques supportant les fils communiquant avec la Gare , Cosne (Cosne sur Loire) et Sancerre. (24)

Derrière la rampe sont : La vigne de la née Marie Louise Pouillot , femme de Paul Péloille , dit « le Battant », geôlier de la Prison et celle du Sieur Vincent Guyot dit « Satur ». (25)

Et à la suite de cette rampe : Le jardin de Monsieur Eugène Rotillon et une grande et belle maison construite tant sur une vigne lui appartenant que sur le talus du Rempart acquis par lui de la ville le 5 septembre 1867 moyennant 366 francs. Cette maison qui est à peine terminée est très commode et jouit d’une très belle vue.- (26)

Un petit sentier qui traversait le vignoble des Coudres et de la Demoiselle et aboutissait à Fontenay , a été aliéné par la ville, dans la partie joignant le rempart, au profit du Sieur Rotillon , à la condition qu’il en pratiquerait en autre au-delà de sa propriété, ce qui a été fait. L’entrée de ce sentier se trouve donc entre la maison ci-dessus et la propriété suivante. (27)

Après avoir dépassé ce sentier on trouve : la vigne du Sieur Théophile Habert , celle des héritiers Paul Meunier , celle des héritiers du Sieur Philippe Chapuis Moreux , celle du Sieur Auguste Guinon et la grande maison Germon faisant face au jardin du Consistoire . (28)

Cette maison qui n’a guère que 10 à 12 ans d’existence, n’a qu’un rez de chaussée du côté de rempart et deux étages du côté de la Route de la Charité où elle a sortie par une grande porte cochère. Construite par Monsieur Auguste Guinon , maître d’hôtel , Place Saint Martin (« au Point du Jour  ») en vue d’en faire un logement bourgeois, elle n’a cessé depuis la fin des travaux de servir de grenier à fourrage. Espérons qu’une construction aussi importante recevra prochainement une autre destination et qu’elle viendra d’où pour grossier le nombre de maisons bourgeoises à louer si peu communes à Sancerre. (29)

Sous le trottoir étant au devant de la maison, le Sieur Guinon a construit une sorte de caveau que la ville pourrait bien lui faire combler, tout au moins pour la partie dépassant l’alignement de sa vigne, et dépendant du Rempart. C’est du consentement de Monsieur Sifflet , maire que cette construction a été faite sur l’emplacement du talus de la promenade qui n’a pas été acquis par la ville par Monsieur Guinon , mais belle et bien anticipé.{Bonnin page : 409} (30)

Une cour et aux maison au Sieur Cyprien Étienne Sautereau , fabricant de ratière , suivent la maison Guinon . L’habitation Sautereau est de construction récente. Elle n’a sur le rempart qu’un rez de chaussée, mais sur la Route de la Charité elle a un étage en raison du contre bas. La cour et une partie de cette habitation eut été acquises par le Sieur Sautereau vers 1865 ou 1866 des héritiers du Sieur Pierre Cassier dit « Tesson ». L’autre partie de la maison a été construite sur le talus du Rempart acquis de la ville par Sautereau le 26 mars 1868, moyennant dix sept francs 50 centimes. (31)

Il n’existe plus de construction entre la maison Sautereau et le point de jonction du Rempart et de la route. Le talus du Rempart a du reste trop peu de largeur en cet endroit. Cette portion de talus avait été revendiquée en 1868 par l’administrateur des ponts et chaussées , lors de la vente faite à Sautereau , mais après une réclamation énergique de Monsieur Sifflet , maire, cette administration abandonna ses prétentions et la ville fut reconnue par elle propriétaire exclusive du talus du Rempart. (32)

De la pointe de ce talus au Chemin des Blanchisseuses qui forme la limite, du côté droit, du Rempart des Augustins , se trouvent : (33)

Une vigne à Madame Veuve Jean Baptiste Chassaigne , close de mûrs, (34)

Un jardin au Sieur Henry Thirot Bernon , marchand grainetier . Le dessus de la porte de ce jardin doit nous arrêter un instant, une explication étant ici nécessaire. Ci dessus de porte représente trois animaux sculptés, qui doivent être, autant qu’on peut en juger par leur état de détérioration, deux chiens et une chienne, celle-ci entourée de deux ou trois petits qu’elle allaite. On pourrait croire qu’anciennement il y avait là un monument quelconque dont le dessus de porte est l’un des débris. Il n’en ait rien. Ce dessus de porte provient de la grande maison de Pesselière (Rue Macdonald ) qui appartient au même propriétaire et formait autrefois l’appui de la fenêtre faisant face à la Place Saint André . Il n’y a guère que deux ou trois ans qu’il a été déplacé. (35)

La maison du Sieur Ambroise Signargout dit « Basile » ou le « Bagouleux », menuisier , laquelle est occupée par le commissaire de police , Monsieur Blot après l’avais été par ses deux prédécesseurs Messieurs Penard et Simon et par la brigade de Gendarmerie à pied. Une grande porte cochère ouvrant sous la maison communique avec une cour ou jardin se trouvant par derrière. Cette maison a été construite en 1859 par le Sieur Signargout . (36)

Une vigne close de murs, appartenant à la Veuve Paul Mativet . (37)

Une maison actuellement habitée par Monsieur Jacques Firmain Merlier , Horloger rhabilleur et appartenant au Sieur Hyacinthe Mativet dit « Gertrude », ancien bourrelier qui l’a construite en 1866. (38)

Une autre grande maison habitée par son propriétaire, Monsieur Jules Vivien , médecin , qui l’a acquise en 1875 des héritiers de Monsieur Jean François Lauverjat dit « la Grenouille ». Cette maison qui est percée à jour comme une poivrière est appelée quelquefois par les loustics du quartier : « Les petites Tuileries » {Bonnin page : 410} parce que son constructeur Monsieur Lauverjat avait la conviction en le bâtiment qu’il copiait en petit les dispositions du palais de nos anciens rois. Édifiés en 1857, sur le talus de la route, elle manque de solidité et plusieurs fois déjà on a été obligée de la consolider. Il est à craindre qu’à un moment donné, elle ne vienne à s’effondrer et à dégringoler à la Rue Creuse . Une petite remise accolée à la maison et destinée à la soutenir de ce côté, fait suite ainsi qu’une cour par où l’on descend au jardin située sur le Chemin des Blanchisseuses . (39)

Enfin une autre petite cour et un bâtiment s’étendant jusqu’à l’entrée dudit Chemin des Blanchisseuses et appartenant à Monsieur Gustave Bordier , avoué , qui l’habite. Cette maison qui se distingue par sa forme, figurant assez bien un coin à fendre du bois ayant le tranchant dans la direction de la Porte Saint André et la tête du côté de la maison Vivien , provient à Monsieur Bordier d’acquisition faite de Monsieur Lauverjat « la Grenouille », qui l’avait construite vers 1855 ou 1856. En avant de cette maison et entre la route et le chemin est un petit emplacement carrelé et entouré de murs qui en dépend. (40)

Le bureau d’octroi , maintenant installé à Saint Ladre , est resté dans cette maison jusqu’à la fin de 1873. (41)