Description de Sancerre de Léopold Bonnin : Le Petit Abreuvoir


Le Petit Abreuvoir ( Présent dans )(1)

Le Petit Abreuvoir ait au réservoir créé en avant des deux jardins Laroche et Raimbault , à une époque qu’il est impossible de préciser, mais qui remonte au moins à 4 ou 5 siècles, pour recevoir les égouts de la ville, lesquels, après s’être reposée en cet endroit passaient dans un puisard creusé sous le mur séparatif du Rempart et après s’y être filtrées descendaient par conduit souterrain de la hauteur d’un homme de taille ordinaire sous le Rempart et sous le chemin descendant de Saint André à Saint Ladre dans un autre réservoir appelé Le Grand Abreuvoir , situé de l’autre côté de ce dernier chemin. Dans un vieux compte des revenus du Comté de Sancerre établi en 1683 et dans la partie relative au Censif des Fins, Le Petit Abreuvoir est appelé le Crot aux Cannes . (2)

Dans son histoire de Sancerre, Monsieur Poupard considère comme une chose de première utilité pour la ville l’établissement des deux abreuvoirs et dit que c’est un monument de la sagesse de nos pères et de leur amour pour le bien public. Il serait très probablement d’un autre avis aujourd’hui. Au temps où il écrivait son ouvrage, c’est à dire vers 1777, les rues de Sancerre étaient pavées de gros moellons de toutes dimensions et de toutes formes et le système adapté alors pour l’écoulement des eaux n’était pas aussi compliqué qu’aujourd’hui. Une seule rigole au milieu de la rue recevait les eaux pluviales et ménagères et si ce qui arrivait souvent par les temps d’orage, un en plusieurs maillons de ce conduit, venaient à être emportés,les détritus de toutes natures s’arrêtaient sur le parcours, dans les anfractuosités produites par l’enlèvement de ces pavés. L’eau qui arrivait dans Le Petit Abreuvoir était à peu près claire. Mais depuis les améliorations apportées dans notre voirie urbaine en 1844 ou 1845 et particulièrement de 1853 à 1856, l’eau parfaitement aménagée dans les rigoles ou pavés d’échantillon tirés des carrières de Monteconard près Bannay , arrivait dans Le Petit Abreuvoir chargée de toutes sortes de choses plus ou moins insalubres par un canal de 1 m à 1,5 mètre de profondeur établi depuis la Porte Saint André . {Bonnin page : 412} (3)

Le puisard avait depuis longtemps besoin de réparations. Il ne fonctionnait plus et les eaux croupissaient dans Le Petit Abreuvoir . Le liquide qui parvenait à passer dans Le Grand Abreuvoir était tellement sale et insalubre qu’il devenait impossible de s’en servir pour aucun usage. Tous les animaux morts, chiens, chats, chèvres, etc.. y étaient jetés la nuit et même en plein jour à la barbe de la police locale. Je laisse à penser quelle odeur répandaient dans le quartier de Saint André ces foyers d’infection. Les pétitions se succédaient sans interruption depuis cette époque jusqu’en 1872, elles furent adressée au maire, au conseil municipal, au préfet, même au ministre de l’intérieur, rien n’y fit. En 1872 pourtant, l’assemblée communale s’occupe de cette question à la suite d’une dernière pétition un peu plus verte que les précédentes, présentée par le Sieur Jules Thévenot propriétaire riverain du Petit Abreuvoir . Après une assez longue discussion dans laquelle s’agita la question du déplacement des deux réservoirs, le maintien en fut décidé. Un devis fut dressé pour des travaux qui au dire de Monsieur Guillard , architecte, obvier aux inconvénients signalés et le dossier fut envoyé à la Préfecture . L’administration départementale qui avait entre mains un volume entier de pétition émanant des habitants du quartier de Saint André et demandant la suppression, n’en tient aucun compte. Le préfet Camescasse pour ni pas être désagréable au maire et au conseil municipal approuve des deux mains le projet de restauration et les travaux furent adjugés moyennant 1735,69 francs au Sieur Paulin Auroy , maître maçon le 2 février 1873. (4)

L’amélioration promise ne s’est pas produite. Les promeneurs et les habitants du quartier de Saint André sont toujours incommodés par les émanations délétères qui s’échappent du petit et du Grand Abreuvoir . Je crains bien pour eux qu’ils ne soient obligés de supporter encore longtemps ces inconvénients si graves au point de vue de la santé et de la salubrité publiques. Avec un peu de bonne volonté, le conseil eut pu trouver dans les vignes de Chailloux ou de la cave au lieu du côté de Saint Romble un emplacement propice pour y créer un abreuvoir, mais… Cette bonne volonté manquait. (5)

Le Petit Abreuvoir était anciennement beaucoup plus restreint qu’aujourd’hui. Il fut agrandi en 1807 par l’acquisition d’un jardin appartenant alors à un nommé Bonnet . C’est le surplus de ce jardin qui a été vendu en 1856 aux Sieur Sarton et Raimbault . (6)