Description de Sancerre de Léopold Bonnin : Église Saint Romble


Église Saint Romble ( Présent dans ) (1)

L’époque de la construction de l’Église Saint Romble n’est indiquée dans aucun des ouvrages traitant du Gordon ou de Sancerre. Elle a dû être édifiée peu de temps après la mort du pieux solitaire sur l’emplacement même de la cellule où il avait l’habitude de se retirer lorsqu’il se rendait de Subligny à Gordon . (2)

Elle se trouvait sur la côté droit de la Chaussée de César , proche le bureau actuel de l’octroi au lieu dit « L’Escargot  », dans le champs du Putet . Le chef de Saint Romble y était conservé et s’y a {Bonnin page : 387} trouvait encore en 1537. Le peuple des environs y acclamait en foule pour vénérer cette relique et obtenir la guérison des maux de tête. Des pèlerinages nombreux s’y rendaient du nivernais et même de l’orléanais. La Reine Blanche de Castille s’y rendit elle même nombre de fois pendant le séjour qu’elle fit avec Saint Louis (Louis IX) à l’Abbaye de Saint Satur en mars 1234. C’est à partir de cette époque qui le tronçon de la Chaussée de César compris entre la Loire et l’Église Saint Romble prit le nom de Chemin de la Reine Blanche parce que la mère du Saint Roi le suivait ordinairement pour se rendre à l’église en question. (3)

Elle fut paroissiale jusqu’en 1420, époque à laquelle elle fut ravagée par les Anglais. Reconstruite peu de temps après, elle fut définitivement détruite par les Huguenots le 5 mai 1563. Les statues dont l’église était ornée furent abattues. Les pierres tombales qui se trouvaient dans le monument et qui recouvraient très probablement les reste des Seigneurs de Gordon furent brisés ainsi que celle qui recouvrent le tombeau de Saint Romble et sur laquelle était l’inscription suivante : « Hic jacet DOMINUS ROMULUS  ». Les insignes reliques devant lesquelles s’étaient agenouillées tant de générations furent profanées et jetées au vent. (4)

L’Église Saint Romble était, ainsi qu’on l’a vu dans les pages qui précédent, le siège d’une vicairie importante. La preuve s’en trouve dans un acte du 12 février 1702 reçu Préponnier , notaire à Sancerre, par lequel Guillaume Lerasle , titulaire de la Vicairie de Saint Romble , demeurant à Bourges , donne à bail à Benjamin Perrinet , conseiller du Roi , receveur à l’entrepôt des tabacs de Sancerre 63 hommes de vigne dépendant du bénéfice de l’ancienne Vicairie de Saint Romble , savoir : 24 hommes aux Groux et 39 en caillerie . En 1741, le titulaire de cette vicairie était Pierre Lerasle , curé des Aix . Les terres et vignes sont au pré de Saint Romble sur le Chemin d’Amigny dépendaient aussi originairement de ce bénéfice et en 1767 elles appartenaient aux Bénédictins de Saint Laurent de Bourges chez qui s’étaient retirés les Bénédictins de Notre Dame de l’ancien Sancerre. (5)

Je ne possède absolument aucun indice en ce qui concerne les dimensions de cette église, son orientation et son style. Son emplacement seul est connu d’une manière certaine. L’abbé Poupard , dans son histoire de Sancerre, la confond à plusieurs reprises avec l’Église de Notre Dame . Il indiqua cependant qu’elle se trouvait, ainsi que je l’ai dit plus haut, sur le côté droit du chemin de Sieur Thibault . Un témoignage oral et un témoignage écrit corroborent l’indication fournie par l’honorable historien . (6)

Le témoignage oral n’a été fourni par le Sieur Étienne Habert , ancien grenadier à cheval de la garde Impériale de Napoléon 1er , mon locataire, qui né en 1775, avait vu dans la jeunesse de l’Église Saint Romble . D’après lui, ces ruines furent recouverte de terre en 1788 par les ordres de Monsieur His , beau père de Monsieur le Baron d’Espagnac, propriétaire de la terre de Sancerre. La misère était extrême alors par suite d’une disette épouvantable sur les graines. Les hommes sans travail, les femmes, les enfants furent engagés à raison de quinze sous par jour. {Bonnin page : 388} pour prendre des terres dans le champ de Putet , au dessous de l’Église et les apporter à la brouette, à la hotte ou au panier sur les ruines où elle formaient un manchon haut de cinq à six mètres comme aujourd’hui sous le nom de « L’Escargot  » parce qu’il ressemble assez de loin à un énorme mollusque. (7)

Le témoignage écrit consiste en une lettre au Préfet du Cher, adressée à la date du 8 mars 1850 par Madame la Marquise de Talhouët (Françoise de Talhouët Duchesse d’Uzès) pour obtenir l’annulation d’une délibération du conseil municipal décidant le transport dans le champ de Porte du Cimetière de la paroisse. Dans cette lettre dont copie est aux archives de la Maire, Madame de Talhouët (Françoise de Talhouët Duchesse d’Uzès) alléguait entre autre motifs, celui-ci  : « Que dans la partie supérieure dudit champ du Putet , il existait un tertre fait de main d’homme qui recouvrait des ruines et où, conséquemment aucune fosse ne pouvait être creusée et dont l’emplacement devrait coûter d’autant plus cher que l’exposante y attachait une importance archéologique et artistique qu’elles méritaient à tous égards » (8)