Description de Sancerre de Léopold Bonnin : Rue Fangeuse


Rue Fangeuse ( Présent dans ) ( recensement 1876 ) ( en ) (1)

Géolocalisation du lieu

La Rue Fangeuse commence à la Place du Puits Saint Jean et se termine à la {Bonnin page : 251} Place de la Porte César . (2)

Étymologie du lieu

Elle doit son nom à l’état de saleté dans lequel elle se trouve constamment à cause de son peu de pente qui ne permet pas aux eaux pluviales et ménagères de s’écouler, et qui forme en tout temps une boue très désagréable. (3)

Détail du lieu

En passant de la Place du Puits de Saint Jean , pour se rendre à la Porte César , en passant par la Rue Fangeuse , on rencontre sur la droite, entre ladite Place du Puits Saint Jean et la Rue des Juifs . La maison Isidore Huet décrite à l’article de ladite place. La maison Dherbier , la maison Semelet « Gosse », la maison Porcher , celle de Girault Pierre celle des époux Habert Theurier , la maison et la cour du « Café Habert  » (Habert) Autinor. Ces six dernières maisons sont décrites Rue Saint Jean . (4)

Un magasin appartenant aussi à Monsieur Habert Autinor, ayant son entrée sur la Rue Fangeuse . Il est affirmé à Monsieur Favard , pharmacien , Rue des Juifs , qui y dépose ses drogues et ses eaux minérales. Il a la même origine de propriété que la maison précédente. (5)

Un passage conduisant à la maison de Madame Jatteau , Place de la Halle , occupée par le Sieur Cadier Brisset , épicier et commun avec la maison Bitard , Rue des Juifs . (6)

La maison de Madame Jambon de Nevers , qui fait le coin de la Rue des Juifs et qui est occupée par Monsieur Favard , pharmacien . Elle sera décrite à ladite Rue des Juifs où est sa façade. (7)

Entre la Rue des Juifs et celle de l’Égout on rencontre ; (8)

La maison Bourra , libraire , dont la devanture est dans la Rue des Juifs , où elle sera décrite. (9)

Un passage commun entre cette maison, la suivante et le « Café Gressin  », Place de la Halle . (10)

Une maison appartenant au Sieur Émile Chemin, vigneron , qui l’habite. Elle se compose de deux chambres au rez de chaussée et de deux ou trois chambres au premier étape, avec cave et grenier. Elle provient au Sieur Chemin d’acquisition faite en 1873 des héritiers d’Ursin Raveau et d’Hostense Theurier , sa femme, qui pouvait plus de trente ans y eut tenu une auberge assez importante, malgré son exiguïté. Les messagers d’Orléans et de Paris y descendaient et outre les marchandises à destination de ces deux villes y étaient déposées en attendant leur arrivée. Madame Raveau l’avait recueillie dans la succession de François Theurier , boucher , son père vers 1832. (11)

Un vieux bâtiment dont le rez de chaussée est occupé par une fabrique de chapellerie dirigée par Monsieur Victor Moreau , cafetier , Place de la Halle et occupait une quinzaine d’ouvriers, tous gens de sac et de corde et la terreur des gens paisibles. Le 1erétage contient actuellement le magasin ou atelier du Sieur Duriez , peintre . Une petite cour ouvrant sur la rue entre ce bâtiment et celui qui va suivre, communique avec l’atelier de chapellerie . Ce bâtiment sera décrit plus amplement à l’article de la Place de la Halle où Monsieur Duriez a sa devanture. Il appartient à Madame Gressin , cafetière . (12)

Une grande et belle maison construite en 1866, sur l’emplacement d’une masure dans laquelle étaient une boutique de charron (Atelier) et une écurie, ayant rez de chaussée, deux étages et mansardes {Bonnin page : 252} au dessus, qui ferait un plus bel effet à tout autre endroit de la ville que dans cette rue si sale et si resserrée. Le rez de chaussée est occupé par les écuries et la remise de Monsieur Meynial Antoine, marchand de tissus en gros et le surplus par Monsieur Charles Pascaud , juge d’instruction . Cette maison appartient à Monsieur Guillaume Meynial , rentier à Nevers , frère et ancien associé de Monsieur Meynial Antoine. L’emplacement sur lequel elle est construite dépendait autrefois d’une autre maison située Place de la Halle et appartenant au même propriétaire. Les deux immeubles sont encore reliés par un pont établi au dessus de la cour et permettant d’aller de l’un dans l’autre. C’est pourquoi je ne donnerai l’origine de propriété et ne parlerai des incendies qu’ils ont subis qu’à l’article de la maison Meynial de la Place de la Halle où sont les magasins . (13)

Une petite maison habitée par Monsieur Jean Baptiste Née , construite sur un passage conduisant à une cour situé derrière la maison occupée par Monsieur Numa Crozes , son gendre et située Place de la Halle (voir pour l’origine de propriété l’article de la Place de la Halle ). (14)

Une cour au Sieur Victor Basile Renard , sabotier , Place de la Halle et une cour et atelier de tonnellerie (magasin) faisant le coin de la Rue de l’Égout , appartenant au Sieur Joseph Bouchard dut « Boulon », même place. (15)

Entre la Rue de l’Égout et la Place de la Porte César se trouvent un bâtiment à Mademoiselle Adèle Fouquet qui sera décrit à la Rue de la Porte César et un autre bâtiment au Sieur Valentin Gaucher , faisant l’encoignure de la Rue Fangeuse , de la Place de la Porte César et la rue du même nom. Elle sera décrit à l’article de ladite rue. (16)

Pour la description du côté gauche de la Rue Fangeuse , à partir de la Place du Puits Saint Jean , je ne commencerai qu’à la Rue Macdonald , seulement, la maison Henry Cassier placée au coin sud de cette dernière rue ayant déjà été décrite à l’article de la Place du Puits de Saint Jean . Comme ayant fait partie dans un temps de la maison occupée actuellement par le « Cabaret de l’Espérance  ». (17)

Trois maisons seulement existent entre la Rue Macdonald et la Rue des Trois Barbots , savoir : (18)

Celle qui fait le coin de la Rue Macdonald , appartenant depuis 1850 au Sieur François Pouillot dit « Pyot » et dans laquelle est exploité un cabaret ayant pour enseigne « au Laurier d’Or  » par les fils du propriétaire le Sieur Félix Pouillot dit « Pyat ». Cette maison qui a été reconstruite en 1860 sur l’emplacement d’une autre n’ayant qu’un rez de chaussée, comprend deux belles pièces par la Rue Fangeuse , plusieurs chambres hautes, un bâtiment en retour sur la Rue Macdonald , une cour devant le bâtiment et une grande écurie sur cette dernière rue. Le tout provient au Sieur François Pouillot des héritiers d’Euphrosine Habert , Veuve de François Vincent Boyron , boulanger , qui l’avait recueillie vers 1840 ou 1841, dans la succession de Jean Habert Lornière , boucher , son père. (19)

Les deux maisons suivantes n’en formaient qu’une dans le principe. Celle la plus rapprochée de la maison Pouillot n’était il y a une quinzaine d’année qu’un pressoir à vin au dessus duquel était un grenier à fourrage. Converti en habitation en 1862, ce bâtiment fut occupé successivement par le {Bonnin page : 253} propriétaire, Monsieur Edme Bongrand , marchand de bois et différents locations. Aujourd’hui, il est habité par Monsieur Alvernhe , receveur à cheval des contributions indirectes. L’autre maison dont la reconstruction remonte à 1836 et qui fait le cour de la Rue Fangeuse , est plus importante comme habitation et comme dépendances. Une cour très spacieuse par derrière, ayant entrée sur la Rue de Trois Barbots par une grande porte cochère, donne accès dans les écuries qui se trouvent sur le côté gauche de la maison et en face la grande porte. Au fond de cette cour et perpendiculairement à la Rue des Trois Barbots est un hangar sous lequel a été transporté et se trouve actuellement les pressoirs (pressoir à vin) qui était dans la maison précédente et qui a aujourd’hui son entrée sur la dite Rue des Trois Barbots à cette maison et ses dépendances sont occupés par Monsieur Émile Bongrand , marchand de bois , conseiller municipal , et c’est au 1erétage qu’habitait en 1847, Monsieur L’Éveillé , maire de Sancerre, lorsqu’il fut obligé de donner sa démission sur les réclamations réitérées de la foule ameutée devant la maison (voir Rue Basse des Remparts ). Le tout appartient indivisément aux héritiers de Monsieur Louis Bongrand , ancien marchand de bois , ancien conseiller municipal lequel possédait 1er la maison comme héritier de son père Louis Bongrand , marchand de toiles , 2ème la cour, comme acquéreur en 1836 de François Raimbault , épicier , héritier lui même en 1834 de Louis Raimbault , aussi épicier , 3ème l’emplacement du pressoir (pressoir à vin) comme acquéreur en 1847, des héritiers de Monsieur François Alphonse Lahaussois , ancien notaire , ancien maire et ancien Juge au tribunal de Sancerre, lequel le tenait aussi par acquisition depuis 1838, des héritiers de Monsieur Baudet , notaire à Sancerre, son prédécesseur. (20)

De la Rue des Trois Barbots à la Rue des Juifs on rencontre : (21)

Un bâtiment dans lequel sont installés au pressoir à vin et une vinée , appartenant à Monsieur Pierre Louis Bongrand , propriétaire à Saint Ladre et occupés hors le temps des vendanges et entonnailles* par son fils Edmond Bongrand , épicier , Place de la Halle , pour le dépôt de ses caisses vides et emballages de toutes sortes. Une petite cour à la suite, au fond de laquelle est l’écurie de ce dernier. Le tout provenant à Monsieur Pierre Louis Bongrand de la succession de son père Louis Bongrand , marchand de toiles . (22)

Un bâtiment ayant pignon sur la rue, avec une seule ouverture, autrefois une porte, à laquelle on arrivait par un petit escalier de pierre de soixante centimètres de largeur et qui est aujourd’hui convertie en fenêtre. L’entrée de ce bâtiment, servant d’écurie au Sieur Henry Pouillot Desjobert qui tient le cabaret de « La Boule d’Or  » dont va âtre parlé, est située dans une cour se trouvant à la suite et commune entre le Sieur Pierre Pouillot dit « Lonby », propriétaire de ce bâtiment et le Sieur Davignon , horloger , Rue des Juifs , (23)

Une autre maison qui fait le coin de cette dernière rue et de la Rue Fangeuse , dans laquelle est tenu le cabaret portant pour enseigne « LA Boule d’Or  ». Elle appartient aussi au Sieur Pierre Pouillot dit « Lonby » et est occupée comme on vient de la voir par le Sieur Henry Pouillot Desjobert . Cette maison provient au Sieur Pouillot d’acquisition faite de Monsieur François Michel Delante . {Bonnin page : 254} (24)

Après avoir dépassé la Rue des Juifs on trouve : (25)

Une maison dont la porte principale est établi dans un pan coupé regardant la Rue des Juifs . Cette maison ne sera décrite qu’à l’article de ladite rue, bien que se prolongeant assez loin dans la Rue Fangeuse et ayant sur cette rue une porte vis à vis le passage allant rejoindre le « Café Gressin  ». Elle appartient à Madame Veuve Charles Theurier née Vatan . (26)

Un magasin ayant une grande porte cochère servant de remise à Monsieur Bourra , libraire , Rue des Juifs et appartenant au Sieur Sébastien Porcher , filateur de laine , Rue Saint Jean comme l’ayant acquis cette année même de Madame Marie Mélanie Delante , époux de Monsieur Pierre Eugène Léveillé , propriétaire et maire actuel de Mortagne (Orne). Madame Léveillé l’a recueillie en 1876 dans la succession de Monsieur François Michel Delante , son père, propriétaire à Sancerre, héritier lui même de Michel Delante , marchand . (27)

Une grande cour et un bâtiment au fond auquel on arrive par un escalier en pierre couvert d’un toit en tuiles et habité par Monsieur Thébault , percepteur , sur le côté vient de la cour est un autre petit bâtiment dans lequel est installé le bureau de la perception et la Caisse d’Épargne . Par derrière est un jardin dépendant de l’immeuble. L’habitation de Monsieur Thébault dépend d’une belle maison ayant façade sur la Rue des Juifs et appartenant divinement à trois propriétaires distincts. Du côté de la Rue Fangeuse , Monsieur Thébault se trouve au rez de chaussée et dans la Rue des Juifs au 1erétage. Le rez de chaussée étant occupé de ce côté par le Sieur Pinson , charron . Je donnerai à l’article de la Rue des Juifs la description de la portion ayant accès par cette rue et de la façade qui est sans contredit la plus belle de la ville. A partie ayant accès par la Rue Fangeuse appartient à Monsieur Bourra Ensèbe, ancien libraire , Rue des Juifs à Sancerre et actuellement rentier à Saint Satur , comme l’ayant acquise en 1862 devant Maître Napoléon Quillier (Napoléon Quillier-Decencière), notaire à Sancerre, de Dame Adeline Changeux , épouse de Monsieur Henri Ernest Parent , juge de paix à Decize , qui l’avait recueillie en 1844 dans la succession de Pierre Louis Étienne Changeux , avoué à Sancerre, son père, lequel étant décédé le 18 septembre de la même année, vers deux heures du soir, fut inhumé par mesure de police à neuf heures, vu l’état de putréfaction dans lequel était tombé le cadavre pendant ce cours espace de temps. J’avais sept ans alors et je me rappelle encore combien m’avait saisi le spectacle de cet enterrement fait à une heure aussi avancée, la lumière projetée par la quantité de cierges portés par des assistants et l’odeur des parfums et des drogues de toutes sortes employés pour assainir l’atmosphère et empêchées les émanations provenant du cadavre d’arriver jusqu’aux personnes présentes. Monsieur Changeux s’en était rendu acquéreur vers 1829 de Christophe Dirckien , menuisier , qui la possédait depuis plus de dix ans. Antérieurement à Monsieur Thébault , elle était occupé par les Frères des Écoles Chrétiennes . (28)

Un magasin ou écurie appartenant à Monsieur Claude Bitard , ancien avoué et {Bonnin page : 255} escompteur , Rue Macdonald , acquéreur en 1875 de la faillite d’Henry Raimbault , marchand de fers , Rue des Juifs , lequel l’avait recueilli vers 1857 dans la succession de Jean Raimbault dit «Graveline », son père. Il provenait à ce dernier de sa mère la Veuve Henry Raimbault qui la possédait déjà en 1820. (29)

Petite Histoire :Les catacombes

Une grange dont l’alignement est en reculement de plus de trois mètres sur celui du magasin qui précède duquel elle est séparée par une petite ruelle actuellement fermée par une porte et qui autrefois était une voie publique traversant les dépendances actuelles de l’« Hôtel du Point du Jour  » et aboutissant dans la Rue Saint Martin , presque en face de l’Hospice (Hospice Civil). J’ignore à quelle époque cette ruelle fut usurpée, je sais seulement que dans d’’anciens titres que je mentionnerai à l’occasion dudit « Hôtel du Point du Jour  », elle est encore désignée comme voie publique. La grange en question appartient à la Veuve François Jules Hugret née Aline Lauverjat et à ses enfants et a été acquise par son mari en 1859 d’Ernest Déron , épicier , Place de la Halle , qui s’en était lui même rendu acquéreur en 1857 des héritiers de Benoît Porte , marchand de bois . (30)

Enfin une maison le coin de ladite Rue Fangeuse et de la Place Saint Martin appartenant à la dite Veuve Hugret , et qui ne sera décrite qu’à l’article de cette dernière place. (31)

De la Place Saint Martin à l’emplacement de l’ancien cimetière, on trouva ; (32)

Une maison appartenant au Sieur Anthime Pivet , qui fait le coin et qui sera décrite à la Place Saint Martin . (33)

Un jardin appartenant à Mademoiselle Adèle Fouquet , propriétaire de la maison d’en face. (34)

Une cour sur la droite de laquelle (et au fond) sont un hangar et une écurie appartenant au Sieur Édouard Duriez peintre en bâtiments. Dans l’angle formé par la Rue Fangeuse et l’ancien cimetière, on aperçoit encore deux petits pignons de 3 mètres de hauteur, tout au plus, restant d’une masure ou était établi avant la révolution, le grenier à sel de Sancerre. Monsieur Duriez a acquis ces immeubles cette année même de Jean Ballutaud Semelet , marchand bonnetier , demeurant actuellement à Vichy (Allier) et antérieurement à Sancerre, Rue de la Porte César , qui s’en était lui même rendu acquéreur en 1863 de Mademoiselle Adèle Fouquet , sus nommée. Le jardin et la cour ci dessus avaient été acquis en 1857 ou 1858 par Mademoiselle Fouquet , devant Maître Napoléon Quillier (Napoléon Quillier-Decencière), notaire à Sancerre, des héritiers de Monsieur Jean Guillaume {Bonnin page : 256} Baron Hyde de Neuville , Comte de Bemposta, ancien Ministre de la Marine, ancien Ambassadeur à Washington et à Lisbonne, propriétaire du Château de l’Estang et de Madame Anne Marguerite Joséphine Henriette Rouillé de Marigny (Martigny), son épouse. Ils provenaient à cette dernière des successions de Monsieur Étienne Jacques Rouillé de Marigny (Martigny), receveur au grenier à sel , et de Madame Marie Busson de Villeneuve , son père et mère. (35)