Description de Sancerre de Léopold Bonnin : Hôtel de Ville Archives le mobilier et ameublement


Hôtel de Ville Archives le mobilier et ameublement ( Présent dans )(1)

Le mobilier du secrétariat n'est pas heureux, mais il est très commode et parfaitement approprié aux besoins du service. Il a du reste été entièrement renouvelé depuis mon entrée à la Mairie (Hôtel de Ville). Celui du cabinet du Maire est très convenable. Plusieurs fauteuils garnis en velours vert, une demi-douzaine de chaises en noyer, une table à pieds tournés recouverte d'un drap vert, un grand corps de bibliothèque également en noyer dans lequel se trouvent l'ouvrage l’Égypte et les autres volumes ci-dessus décrits, composant l'ameublement avec une fort belle glace à cadre doré, une pendule, deux coupes et deux candélabres en marbre vert et noir, se trouvant sur la cheminée. (2)

L'ameublement de la grande salle est malheureusement nul. Les municipalités qui ce sont succédé depuis 1842 ayant toujours reculé devant la dépense à faire. Quelques lustres, une grande table aura un tapis vert et une cinquantaine de chaises communes comprend présentement cet ameublement. Une aussi belle salle mériterait d'être un peu mieux décoré. (3)

La salle de la justice de paix est pourvue du matériel nécessaire. Un bureau pour le juge de paix , ayant à la droite et à la gauche une table pour le greffier et pour le ministère public, le tout séparé de la partie réservé au public par une balustrade garnissant cette pièce dont le pourtour est pourvu de bancs pour les plaideurs et les curieux. J'oubliais de dire qu'un christ d'un mètre de hauteur est suspendu derrière le juge. (4)

Quelques objets de peu d'importance et qui ne méritent aucune description garnissent la loge du concierge . (5)

L'espace compris entre la Rue du Collège et la Rue de la Porte Vieille n'est occupé que par une seule maison qui appartient au Sieur François Roblin - Pinard , charcutier et cabaretier qui l'habite. Elle avait été acquise par son père François Roblin dit la qui une des héritiers de François Leguay , bourrelier . (6)

La grande maison qui fait le coin de la place et de la Rue du Saint Père , à gauche, en s'engageant dans cette rue et qui est reconnaissable par son pignon immense recouvert de rampes en pierre de taille appartient, savoir : le rez de chaussée, munis une petite pièce à gauche en entrant à Mademoiselle Mélanie Pouvesle , rentière , qui la tient par succession de sa mère Luce Chollet , décédée épouse de Louis Pouvesle . Le 1er étage et les greniers appartiennent à Messieurs Paul Née , pharmacien à Sancerre, Thimothée Née , élève en pharmacie à Sancerre, comme héritière de Madame Célestine Chollet leur mère, décédée épouse de Monsieur Joseph Olivier Née , vétérinaire , qui l'avait elle même recueillie dans la succession de Étienne Chollet , son père. Monsieur Étienne Chollet et Madame Louis Pouvesle l'avaient recueillie en commun dans la succession de leur père Étienne Chollet , qui la tenait je crois de Monsieur Étienne Busson de Villeneuve , oncle de Madame la Baronne Hyde de Neuville , ancienne propriétaire du Château de l'Estang {Bonnin page : 108} lequel l'habitait pendant la révolution de 1793. (7)

Derrière cette maison existe une cour commune et au fond de la cour un autre bâtiment longeant la Rue Saint Père , dépendant du premier et qui appartient à Mademoiselle Mélanie Pouvesle . Ces deux bâtiments sont très anciens et certainement des plus curieux et des mieux conservés de la ville. Le principal qui a sa façade sur la Place de la Paneterie présentent encore il y a deux au trois ans dans son énorme pignon les traces des nombreux boulets et biscayens qu'il avait reçu pendant le siège de 1573 et qui provenant du fort des Ardilliers (Ardillières). Le rez de chaussée n'a rien de remarquables, mais le premier étage possède une petite fenêtre sculptée ayant un montant aussi sculpté de chaque côté. Une niche de plus d'un mètre de hauteur, se trouvant dans l'encoignure de la Rue de Saint Père , mérite d'attirer l'attention. Les sculptures qui sont intactes sont du plus beau travail. J'en donne ci-contre un croquis bien imparfait. Mais qui pourra néanmoins en donner une idée au lecteur si malheureusement elle venait a être plus tard ou mutilée ou détruite. (8)

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Au dessus des fenêtres du 1er étage se trouvent l'un à droite et l'autre à gauche deux médaillons en pierre de vingt cinq centimètres de diamètre représentant celui de gauche un personnage ayant la figure entièrement rasée, coiffé d'un sorte de toque retenue par un ruban ou cordon lui passant sous le menton, les cheveux renfermés dans un réseau et portant sur ses épaules en vêtement rassemblant assez à une chassable et celui de droite un autre personnage coiffé d'un chapeau à forme ronde retroussé par le côté, portant toute sa barbe et un vêtement dont il est difficile de préciser la forme. Ces deux médaillons représentant probablement les personnes qui ont fait construire la maison. (10)

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Les pièces du bas ont conservé leur cachet d'antiquité principalement le grand couloir de la cuisine de Mademoiselle Pouvesle . Dans la grande chambre de celle-ci donnant sur la cour, se trouve une cheminée en pierre assez bien sculpté. Au centre du manteau de cette cheminée est un écusson de forme ovale sur lequel se détachant des armoires représentant un chevron. La plaque de la même cheminée qui est aussi de forme ovale représente d'autres armoires composées de trois losanges accolés. (12)

Le grenier qui est divisé en deux étages est magnifique. La charpente est toute en châtaignier et les chevrons portent tous ferme. {Bonnin page : 109} (13)

Le bâtiment situé au fond de la cour mérite une description particulière en raison de la cheminée monumentale qui se trouve dans la pièce du rez de chaussée servant actuellement d'atelier au Sieur Prosper Pasquet dit « Donzy », charpentier . Cette cheminée qui tient toute la hauteur de la pièce est énorme. Le manteau qui n'a pas moins d'un mètre ou un mètre vingt centimètre de hauteur et deux mètres soixante six centimètres de largeur est entièrement en pierre et celle lourde charge ne reste suspendue que par un miracle d'équilibre. Deux petites colonnettes sculptées qui se trouvent de chaque côté et presque enclavées dans le mur du fond semblant soutenir cette masse qui avance d'au moins 70 centimètres dans la chambre. Ces deux colonnettes sont elles mêmes actuellement suspendues, les pierres de taille sur laquelle elles étaient appuyées ayant été enlevées. Un écusson de 40 centimètres de hauteur sur 36 de largeur est sculpté au milieu du manteau de la cheminée. Le sommet de cet écusson est cordelé. Au dessous se trouve un trait horizontal supportant 7 ou 8 petites boules et ressemblant assez à une couronne et plus bas encore un C et un G entrelacées. Dans la queue du G qui est dans la forme de ceux des 15ème et 16ème siècle est une petite croix de Saint André . (14)

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L'époque de la construction de la maison se trouve à côté (1533). Un petit four a son entrée dans l'âtre de cette cheminée qui a son pendant dans la maison Delaunay , Place de la Halle . J'en ai vu aussi une toute semblable, mais l'écusson qui diffère, dans l'Hôtel de Ville de Paray le Monial (Saône et Loire). (16)

Ce dernier corps de bâtiment qui a un premier étage et une belle cave, quoique abrité par le bâtiment principal, est également criblée par la Mitraille . (17)

La cour de la maison sur la Place de la Paneterie est remarquable par ses proportions. Il y a quelques années en y voyait encore un petit caveau dont l'entrée était parfaitement dissimulée dans la muraille et qui probablement avait été construit pour se cacher pendant les temps de trouble, peut être même pendant le siège de 1543. Un soupirail très étroit ouvrant sur la cour et permettait à l'air d'y arriver aisément. Ce caveau est aujourd'hui converti en citerne . (18)

Je n'ai pu découvrir d'un manière certaine quels ont été les fondateurs de cette maison mais je croirais volontiers qu'elle a été construite par le Sieur André Clément qui était bailli à l'époque indiquée sur l'écusson . La petite croix de Saint André qui se trouvent après le bâtiment principal, proche la Rue de Saint Père et qui doit être le vêtement officiel des gens de justice de ce temps là viennent à l'appui de ce que j'avance. Le G doit être l'initiale du nom ou du prénom du personnage représenté dans le 2ème médaillon. (19)

Elle fut habite de 1632 à 1662 par Messire Étienne Millet Seigneur des Brosses, licencié es loi, bailli de Sancerre, Mèche et Banneroiset Nicole Daumergue , sa femme qui en étaient propriétaire commun l'ayant acquise de Jean Dugenne , par acte reçu Gaudrier notaire à Sancerre le 23 juin 1642. Cette dernière, Étienne Millet , son fils, Avocat au parlement , demeurant à Bourges de François Flamant , docteur en théologie, curé de la paroisse de Saint Jean du Nevers le vendirent le 23 septembre 1712, par acte reçu Préponnier , notaire à Sancerre, à Messire Jean Perrinet bourgeois de Paris , y demeurant Rue des Tournelles paroisse de Saint Paul . L'épouse de Monsieur de Busson de Villeneuve , qui était je crois une Perrinet l'avait très probablement recueillie dans la succession de Jean Perrinet . {Bonnin page : 110} (20)

Entre la Rue de la Paneterie et la Place du Puits du Marché se trouve une grande et belle maison à un étage, dans laquelle est né Gaspard Thaumas dite Thaumassière , l'historien du Berry. (21)

Cette maison dont la façade toute en pierre de taille regarde le midi appartient actuellement à Monsieur Siméon Chenu propriétaire et à Madame Philippine Macnab , son épouse, demeurait au Château de Guèche commune de Neuvy les Deux Clochers . Elle est actuellement occupée par Monsieur Desterraux , conservateur des hypothèques . (22)

Ainsi qu'on l'a vu précédemment, elle a été construite sur une partie de l'ancienne Place du Marché (Place de la Paneterie). L'époque de cette construction n'est pas connue d'une manière précise, mais comme au 1543, époque du siège, elle n’existait pas encore et qu'en 1621 le Prince de Condé (Henry II de Bourbon-Condé) vint y loger, il est permis de supposer que cette habitation fut édifié aux environs de 1600. La façade principale a été abattue vers 1800 ou 1802 et reconstruite dans le style moderne avec des pierres de taille provenant de la démolition de l’Église de Saint Romble ( anciennement Notre Dame ) qu'avait été acquise comme bien national par Monsieur Édouard Macnab ci-après dénommé. (23)

Cette propriété a la forme d'un grand carré au centre duquel se trouve une cour assez spacieuse ayant sortie par la Place du Puits du Marché . L'écusson de la Thaumassière assez bien sculpté d'une hauteur de 50 centimètres sur 40 de largeur se trouve enchâssé dans le mûr faisant face à cette sortie. J'en donne ci-dessous le croquis (24)

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Armoiries de la Thaumassière  : D'azur, serré de mulette d'or, au lieu de même, armé et lampassé de gueules, au chef cousu de gueules, chargé d'un croissant montant d'argent. (26)

{Bonnin page : 111} (27)

Au dessus de cet écusson , entre deux fenêtres du 1er étage, se trouve sculptée une tête d'enfant ou de femme. Également au dessus de la porte du petit bâtiment faisant le coin de la Place du Puits du Marché et de la Rue de la Thaumassière mais toujours dans la cour, se trouve sculpté une pièce de canon, de 30 à 35 centimètres de longueur. La cuisine dont la fenêtre ouvre sur la cour, proche une tourelle renfermant l'escalier conduisent au 1er étage, contient aussi une belle cheminée sculptée. (28)

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Le 1er propriétaire et le constructeur de cette maison doit donc être César Thaumas de la Thaumassière lieu de l'Olivette (L’Olivette) ( à cause de la vigne de 25 journées qu'il possédait au lieu dit l'Olivette (L’Olivette) climat de Thou , proche la Porte Oison ) Médecin de Jules de Bourbon (Henry Jules de Bourbon-Condé) Prince de Condé ( voir au chapitre de la Place Saint Jean ou de l’Église ). (30)

A son décès arrivé au mois d'octobre 1643, il laissa deux enfants mur de son mariage avec Jacquette Guichard de Bussière : (31)

1) Gaspard Thaumas de La Thaumassière , Viconte (vicomte) de l'Esteuf, Seigneur de Puyferrand , docteur en lois et Avocat au parlement ( historien du Berry ), (32)

2) César Thaumas de La Thaumassière , Écuyer , Sieur de l'Olivette (L’Olivette), époux de Renée Mastinat dame de la Martinaterie lieu situé en la paroisse de Couargues . J'ignore auquel des deux échut la maison dans le partage qu'ils firent des immeubles dépendant de la succession de leur père. (33)

Après les La Thaumassière en furent successivement propriétaires jusqu'en 1692 Pierre Guichard et Jacques Courtillat dit « le Parisien », de 1692 à 1701, Philippe Liénard , Maître des Eaux et Forêts et Jeanne Drouillet , sa femme, veuve en 1ère noce de Jacques Courtillat sur-nommé, en 1701 Michel Liénard , aussi maître des Eaux et Forêts et Marie Poignard sa femme. (34)

Elle passe ensuite aux mains de Monsieur Silvain Urpillot , bourgeois de Sancerre ( qui décéda subitement le 23 avril 1774, en enjambant le petit ruisseau de Préfontaire, la route n'étant pas encore faite ). Madame Marguerite Suzanne Roussel et (Rouselot) veuve de Monsieur Silvain Urpillot l'habite jusqu'au 22 août 1782, époque de sa mort. Elle envie alors par succession à Madame Marguerite Suzanne Urpillot , sa fille, épouse de Monsieur Édouard Macnab , Écuyer , Garde du Corps du Roi Louis XV, Maître des Eaux et Forêts du comté de Sancerre, puis à Monsieur Alexandre Macnab , son fils, qui fut Sous Préfet de Sancerre en 1828 et enfin à Monsieur Siméon Chenu et Madame Philippine Macnab , son épouse, propriétaires actuels. (35)