Description de Sancerre de Léopold Bonnin : 1747 Inondations à Chavignol


1747 Inondations à Chavignol ( Présent dans )(1)

Dans la nuit de 22 au 23 septembre 1747, vers un heure du matin, un orage d’une violence inouïe se déchaîna sur la contrée. Une masse d’eau s’abattit sur le haut des montagnes et en descendit les pentes avec une rapidité incroyable. Après avoir renversé plusieurs maisons à Chavignolet les eaux firent irruption dans Chavignol , par la Rue des Boins où elles défoncèrent aussi quelques habitations, notamment celle du Sieur Jean Pinard qui eut le malheur dans cette circonstance, de perdre ses deux filles : Marie, âgée de vingt quatre ans et Anne, âgée de treize ans. Ces deux jeunes filles surprises par le torrent au milieu d’une nuit obscure, au moment où à peine vêtues, elles cherchaient à fuir la maison qui les abritait et qui menaçait ruine, furent emportées et reculées par les eaux jusque dans le Pré de la Motte où on les retrouva le lendemain matin, sans vie et étroitement embrassées. (2)

Les moraines, les tonneaux et autres objets se trouvant hors des habitations furent aussi emportés ainsi que les arbres abattues par l’ouragan, jusqu’à plus de 200 mètres de Chavignol . (3)

A la suite d’un violent orage qui éclata dans la soirée du 4 août 1804, les habitations de Chavignol furent encore inondées. {Bonnin page : 478} (4)

Le torrent qui descendait des montagnes des Crots de Bué et du Montdanné eut bientôt causé d’importants dommages. Au dire d’un témoin, le Sieur Boin Bicus , il roulait une eau rouge comme de l’ocre et emportait tout ce qu’il rencontrait sur son passage. En un instant les maisons furent remplies d’eau ainsi que les caves. Les chaumières du Pré de la Motte furent perdues, les prés entre Chavignol et Chavignolet et le Pré de la Cave complètement empierrés. Les vignes furent ravinées à une grande profondeur et les ceps emportés avec leurs raisins. (5)

Dans le village de Chavignol , les maisons les plus maltraités furent dans la Rue des Boins , dans le milieu et dans le bas du village, celle de Pierre Millon dit « Crosse » et d’Edme Pinard , les bâtiments de Madame Dagoret Desgravières occupés aujourd’hui par Étienne Thomas dit « Boulot », adjoint ainsi que par François Vatan dit « La Grive » et situés en face l’Ancienne Chapelle . Le mur du jardin de Madame Dagoret fut abattu ainsi que l’encoignure du pressoir (pressoir à vin) de Monsieur Triboudet « l’Amérique ». Dans le cellier de la maison Dagoret Desgravières , la née Cécile Thirot femme de François Vatan dit « La Blond », ayant de l’eau jusqu’au cou, fut retirée par les cheveux au moyen d’une ouverture pratiqué au dessus d’elle dans la plancher de l’étage supérieur. (6)

Les portes de la maison dite « du Caveau » appartenant alors à Monsieur Gressin et aujourd’hui à Monsieur Chenu de Villeneuve furent emportées. (7)

La femme Boin « Bicot » renfermée dans une chambre de sa maison, avait amoncelé à la hâte un peu de fumier au devant de la porte pour empêcher l’eau d’entrer. Elle fut obligée de quitter ses jupons pour boucher les joints de cette porte où l’eau commençant à filtrer. (8)

La femme d’un nommé Boulay « Dadand », resta cramponnée à la poignée de fer de sa porte pendant plus d’une demi heure, ayant de l’eau jusqu’au menton. (9)

Le Sieur Pierre Thomas dit « Conrad » surpris par le torrent près de la maison habitée aujourd’hui par Auguste Bailly dit « Boya », fut entraîné jusque dans les Prés de la Motte et projeté avec force après un saule à il put s’accrocher quoique avant eu les deux jambes cassés et le corps tous contusionné. (10)

La Rue des Boins fut ravinée à une profondeur de près de deux mètres et la municipalité de Sancerre fut obligée pour éviter des accidents et particulièrement la chute des maisons bordant cette rue de faire étrésillonner les terres. Les habitants de Chavignol firent le surplus du travail au moyen de prestations volontaires. (11)