Description de Sancerre de Léopold Bonnin : Renier Pierre, artiste, cordonnier, sculpteur, mécanicien, automaticien


Renier Pierre, artiste, cordonnier, sculpteur, mécanicien, automaticien ( Présent dans )(1)

Le Sieur Renier est bien l’un des individus les plus adroits que je connaisse de cordonnier qu’il était dans le principe, il s’est mis marchand et fabricant de parapluies . Dans ses moments de loisir, il se mit à sculpter sur bois et réussit parfaitement. Il lui prit fantaisie d’essayer de la mécanique. Il y réussit aussi. Il mit à profit tous ces petites talents d’abord un préparant un bédouin de grande naturelle, avec turban, poignard, fusil et accessoires, ayant une barbe du plus beau brun lui tombant jusqu’à la ceinture. Une cible que l’africain avait au milieu de la poitrine permettait aux tireurs adroits de le coucher par terre. Ce bédouin était connu à vingt lieues à la ronde et promené de foire en foire par le sieur Renier qui remplissait à ce moyen son escarcelle . Le bédouin fut remplacé vers 1851 ou 1852 par un Napoléon 1er , sculpté en bois par le Sieur Renier et d’un ressemblance frappante. Couché dans son cercueil, les pieds du côté du public, le conquérant ouvrait ce cercueil et se dressait sur les pieds dès que la cible était atteinte monté après le coup d’état de 1851. Au moment où la fortune du {Bonnin page : 300} napoléon commençait à reprendre son ancien éclat. Ce mécanisme ne pouvait manquer d’attirer de nombreux clients à l’adroit ouvrier qui l’avait exécuté. Mais comme tout prend fin, même l’engouement pour les Bonaparte . Il fallait trouver autre chose pour attirer les badauds. Le Sieur Renier imagina une scène de l’armée d’Afrique. Aussitôt la cible touchée un arabe sortait de derrière un buisson et s’avançait un brandissant son long fusil. Un fantassin français arrivait à son tour devant le public et d’un coup de baïonnette repoussait l’arabe dans sa cachette. Mais le talent de l’artiste brille surtout dans la cible qu’il offre aujourd’hui aux amateurs. Sur le devant est un crocodile de 60 à 80 centimètres de largeur qui avale 5 à 600 fois par jour sans en être incommodé une grosse grenouille du plus beau vert. Sur la droite est un cordonnier en train de réparer une vieille savate et qui continuellement, en tirant le ligneul ouvre et referme avec des grimaces épouvantables de yeux grands comme des verres de montre et une bouche qui semble profonde comme un four , sur le côté gauche est une fillette. Le tablier relevé et contenant probablement le fruit d’un Larcin car un vieux garde champêtre partant l’habit à queue de pie , revêtu de ses insignes d’un large baudrier supportait le sabre coupe choux traditionnel et coiffé d’un énorme chapeau comme en portaient les généraux de l’armée d’Égypte , s’avance vers elle et lui fait en remuant bras, jambes et tête des remontrances qui paraissent bien appliquées. Derrière le crocodile se voit la mer en fureur. Les vagues vont et reviennent avec une persistance et un bruit qui donnent la chaire de poule aux bonnes femmes de la compagne. Un malheureux navire ballotté par le flot montre de temps en temps sa quille aux spectateurs et leur fait craindre un naufrage. A l’arrière plan se voit la rive sur laquelle passent et repassent constamment une foule d’animaux de toutes espèces. (2)

Le Sieur Renier fabrique aussi des cannes sculptées qui sont très recherchées. Sa femme fut cantinière du bataillon de La Garde Nationale de Sancerre de 1848 à 1851. Elle portait crânement sur l’oreille le petit chapeau ciré et le bidon sur les hanches. (3)

Au passage du Prince Napoléon à Bourges , au mois de septembre 1851. Elle fut fort remarquée comme elle défilait à la tête du bataillon sancerrois sur la Place Séraucourt. (4)