Description de Sancerre de Léopold Bonnin : Attendre la mort dans son cercueil en plaisantant


Attendre la mort dans son cercueil en plaisantant ( Présent dans )(1)

Ce dernier, qui devait son surnom à un bégaiement très prononcé dont il était affligé, et qui avait l’esprit le plus biscornu qu’il soit possible de trouver, garde dans son grenier pendant plus de vingt ans, et cela pour effrayer sa femme, et la faire s’emporter un cercueil qu’il avait fait faire à sa mesure. Tous les jours, en été, il allait y prendre son repos du midi et y fumer sa pipe en plaisantant sur la mort. Celle-ci ne l’attendait pas là. Elle devait le saisir ailleurs et dans un moment où, malheureusement pour son âme, il l’y attendait le moins. Le dimanche 18 septembre 1870, pendant la grande messe, il eut la pensée d’aller fouler sa cuve alors en fermentation. Après avoir relevé jusqu’aux genoux son pantalon {Bonnin page : 257} il descendit dans cette cuve où il n’avait pas de la vendange jusqu’aux mollets. L’acide carbonique qui s’en dégagea au moment où ses pieds s’enfoncèrent dans la grappe l’’asphyxie instantanément. La mort dont il s’était si souvent moqué prenait sa revanche. (2)