Description de Sancerre de Léopold Bonnin : Famille Macdonald


Famille Macdonald ( Présent dans )(1)

C’est dans ce petit bâtiment qui n’était composé seulement que d’une seule chambre, n’ayant qu’une seule fenêtre et la porte, que mourut Neille Étienne Macdonald et que fut élevé son fils Étienne Jacques Joseph Alexandre Macdonald (Macdonald Duc de Tarente, Maréchal) qui devient plus tard Maréchal de France et Duc de Tarente. (2)

Je pourrais me dépenser peut être de donner ici la biographie de ce dernier, laquelle est dans toutes les bibliothèques, mais comme les notices qui ont paru jusqu’à présent sont ou erronées ou incomplètes. Je crois devoir consigner dans ce travail, le résultat de mes recherches, certain d’avarice que le lecteur trouvera un grand intérêt à connaître certaines circonstances de la vie du maréchal qui sont complément inconnues de monde savant et qui sont corroborées soit par les archives des mairies de Sedan et de Sancerre, soit par des renseignements qui m’ont été fournis par Monsieur Alexandre Macnab , petit fils de Monsieur Édouard Macnab , compagnon d’exil de Neill Étienne Macdonald père de notre illustre compatriote. (3)

Neill Étienne MacDoneill ou Macdonald , capitaine au régiment Écossais d’Ogilvy, partait dans son pays natal le surnom de « Mac Eachen », qui dans la langue gaélique veut dire fils d’Hector. La tradition le faisait descendre de race royale. Il fut le confident et le secrétaire particulier du Prince Charles Édouard dont il partagea la captivité au donjon de Vincennes . (4)

Le traité de Westphalie du 18 octobre 1747contenant une clause par laquelle d’Angleterre demandait l’éloignement immédiat de tous les partisans du dernier des Stuarts, le capitaine Neill Étienne Macdonald fut obligé de quitter son prince et de se réfugier à Sedan . C’est très probablement dans cette ville ou dans les environs qu’il fit la connaissance d’Alexandrine Gonant dont il eut deux enfants : une fille qui devient plus tard l’époux d’un Monsieur Waltner (d’origine suisse) chirurgien major dans les armées de l’Empire, et Étienne Jacques Joseph Alexandre Macdonald , le futur Maréchal de France. (5)

Presque toutes les biographies du Maréchal Macdonald indiquent qu’il est né à Sancerre. C’est une erreur. Il est né à Sedan le 17 novembre 1765, ainsi que celle résulte de son acte de baptême qui n’a été transmis par mon collègue de Sedan et dont voici la teneur. (6)

« L’an 1765, le dix sept novembre, je, Antoine Cagnyé , Prêtre de la Congrégation de la Mission , faisant les fonctions curiales en la paroisse Royale de Saint Charles de Sedan , soussigné, {Bonnin page : 236} ai baptisé le fils du Sieur Niel Étienne Mach Donel (Mac Donald), ancien officier au Régiment Écossais d’Ogilvy et de Dame Alexandrine Gonant , ses père et mère, mariés ensemble et habitants de cette paroisse, né aujourd’hui, auquel on a imposé les noms de Jacques Étienne Joseph Alexandre. Le parrain a été Jacques Joseph Burtin de Fry , commis et la marraine a été Marie Anne Chabotte épouse de Gilles Le Logeais , qui ont signé avec noms. Signé : Neill Étienne Mac Donel (Mac Donald), Burtin (Burtin de Fry), Marie Anne Chabot (Chabotte) et Cagnyé . (7)

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D’après cet acte en pourrait croire que l’enfant était légitime, puisque les père et mère y étaient indiqués. Comme étant mariés ensemble. Il n’en était pourtant rien, ces derniers vivaient en concubinage. Dieu me garde de ne rien avancer qui puisse déprécier, diminuer en quoi que ce soit le prestige de l’illustre Maréchal, mais ce que j’écris est l’exacte vérité. Du reste ou on en verra la preuve plus loin. (9)

Neill Étienne Mac Doneill ou Macdonald , dont les ressources des plus bornées, ne pouvant subvenir aux besoins de quatre personnes et ne pouvant non plus se faire à l’idée de mener à Sedan une vie misérable, quitta furtivement cette ville, abandonnant Alexandre Gonant et ses deux enfants et vint à Sancerre, où se trouvait une petite colonie écossaise composé d’une trentaine de personnes et au nombre desquelles étaient son frère Réqniald Macdonald Lord Jhonn Nairne , Comte de Maisne, pair d’Ecosse, les deux fils de ce dernier Thomas et Henry Nairne , sa fille Clémentine Nairne et Édouard Macnab et autres (voir à la Rue Porte Oison ) (10)

Il était à Sancerre depuis quelques temps déjà, quand par une soirée d’hiver, une malheureuse femme en haillons, tenant un enfant sur chaque bras, vint frapper à la porte de son logement. C’était Alexandrine Gonant qui avait fait, pour le rejoindre, le trajet de Sedan à Sancerre, en mendiant tout le long de la route. Neill Macdonald , refuse d’abord de la revoir, mais sur les instances de quelques uns de ses compatriotes, il s’y décida néanmoins. (11)

A Sancerre comme à Sedan le faible subside que recevait l’officier écossais fut insuffisant pour subvenir aux besoins de la famille et la misère régnait au logis. L’idée de fuir de nouveau sa maîtresse et ses deux enfants lui vint à l’esprit. Mais il la repoussa et prit un autre parti. Un beau matin, en l’absence de la mère, il prit les deux enfants et les conduisit à Bourges où il les déposa à l’hospice des enfants trouvés. La malheureuse mère fut outrée de ce procédé et puisant dans son amour maternel la force qui lui était nécessaire. Elle partit pour Bourges , seule, sans le sou, vivant d’aumônes. Elle retira ses enfants de l’hospice et s’armant d’un courage surhumain, elle entreprit de nouveau le trajet de Bourges à Sancerre chargée de ses deux enfants, mais ses forces ne répondant pas à son courage. Elle usa d’un moyen héroïque et qu’une mère peut seule concevoir. Elle prit l’un des enfants, le porta à une certaine distance, puis le portant en lieu sûr elle revint chercher l’autre qu’elle rapporta auprès du premier. Reprenant celui-ci à son tour, elle le reporta plus loin et revint chercher le second. La même opération se répéta jusqu’à Sancerre où elle arriva exténuée. (12)

Étonné de trouver un tel courage chez une faible femme et tout honteux de la conduite envers elle et ses pauvres enfants, Neill Macdonald les reçut à son domicile et ne pensa plus à s’en séparer. {Bonnin page : 237} (13)

Le 11 mars 1769, c’est à dire quelques mois après les événements que je viens de raconter, Alexandrine Gonant , accoucha à Sancerre d’une autre fille qui fut baptisée le même jour par le Sieur Girault , vicaire de la paroisse et enregistrée comme fille de père inconnu et d’Alexandrine Gonant . L’acte de décès de cet enfant dressé à la date du 26 du même mois, porte les même indication. A Sedan où ils n’étaient pas connus et où on les supposait mariés, le père et la mère du futur Maréchal de France avaient pu déclarer celui-ci comme légitime, mais à Sancerre où tout le monde connaissait leur situation irrégulière, il ne pouvait en être de même. Voilà pourquoi l’enfant né le 11 mars 1769 a été déclaré comme illégitime. Pressé à cette occasion par son frère et ses autres compatriotes de se marier avec la mère de ses enfants, Neille Macdonald ne voulut jamais y consentir. (14)

Ils vécurent tous quatre dans la misère, Neill Macdonald travaillant peu ou pas du tout, la mère en faisant des ménages ou des lessives et les enfants en allant ramasser, hors la ville, du bois mort pour alimenter le foyer ou du crottin sur les chemins pour le revendre aux propriétaires de vignes. (15)

Messieurs de Nairne et Macnab dont la situation pécuniaire était excellente soulagèrent beaucoup cette famille qu’ils s’intéressaient vivement. Frappés de l’intelligence du petit garçon et de sa fierté native qui s’accommodait mal de la misère où il vivait, ils le firent entrer en qualité d’interne et à leurs frais au Collège (Collège Communal) de Sancerre dirigé alors par Monsieur Michel , principal , ancien professeur au Collège d’Orléans . Il y fit d’assez bonnes études et il quitta cet établissement pour aller au collège de Douai , qui était alors une sorte d’école militaire préparatoire et qui avait été fondé par les libéralités de quelques dames écossaises et des derniers des Stuarts. Cet établissement recevait non seulement des enfants des écossais résidant en France, mais encore des jeunes gens arrivait de l’Écosse et qui désiraient la langue française. Il en sortit à l’age de 16 à 17 ans pour s’engager dans la Légion de Maillebois dont il fut créé en 1784. En 1787, il était sous lieutenant au Régiment de Dillon . (16)

Le 10 juin 1788, son père Neill Macdonald (Macnab) mourut à Sancerre à l’âge de 68 ans et fut inhumé dans le cimetière de cette paroisse. Dans son acte de décès le défaut fut indiqué comme époux d’Alexandrine Gonant . Cette indication a-t-elle été consigné dans l’intérêt du jeune Macdonald (Macdonald Duc de Tarente, Maréchal) pour lequel on entrevoyait déjà une brillante carrière militaire ou bien Neill Macdonald et Alexandrine Gonant se sont ils mariés de 1769 à 1788 ? Je l’ignore. Je puis certifier seulement que le mariage ne fut pas célébré à Sancerre et qu’il n’en existe aucune trace sur les registres civils. Tout en me confirmant ce que j’ai avancé touchant la situation irrégulière de ces derniers, Monsieur Alexandre Macnab m’ayant dot qu’il croyait se rappeler avoir entendu son aïeul déclarer devant lui que ce mariage avait eu lieu à Saint Satur , peu de temps avant la mort de Neill Macdonald, je me suis rendu au Tribunal pour vérifier le fait et après avoir lu et relu tous les actes de la paroisse de Saint Satur , pendant la période sus-indiquée, j’ai acquis la certitude que l’obligation de Monsieur Macnnal (Macnab) était inexacte. Il est probable que l’acte d’inhumation aura été fait purement et simplement d’après les indications contenus dans l’acte de baptême transcrit d’autre part. (17)

{Bonnin page : 238} 338 ? (18)

En 1791, Alexandre Macdonald (Macdonald Duc de Tarente, Maréchal) fut nommé Lieutenant au même Régiment de Dillon et en 1792 Capitaine et aide de camp des Généraux Beurnonville et Dumouriez à l’Armée du Nord. Le même année, il fut nommé Lieutenant Colonel au 94ème de ligne. (19)

En 1793, il fut Général de Brigade et continua à servir dans l’Armée du Nord et en 1794 il passa comme Général de Division à l’Armée de Sambre et Meuse. Il fit en cette qualité la campagne d’Allemagne en 1795 et celle d’Italie en 1796 et 1797. Appelé la même année au commandement des troupes de Hollande , il s’empara de la flotte Hollandaise après avoir passé le Wahal sur la glace. Étant retourné en Italie , il commande le Corps d’Armée qui occupa Rome en 1798 et celui qui entra à Naples en 1799. Inspecteur général d’infanterie et attaché à l’armée de réserve en 1800, il fait la campagne de 1801 à l’Armée des Grisons et fut nommé ministre plénipotentiaire au Danemark la même année. (20)

En 1804, il fut nommé Grand Officier de la Légion d’Honneur . (21)

En 1809, il fit les campagnes d’Italie et d’Autriche . Il contribua puissamment au succès de la bataille de Wagram où l’Empereur Napoléon 1er , après l’avoir embrassé au milieu de ses troupes victorieuses, lui fit les plus grands éloges et le nomma Maréchal de France et peu après Duc de Tarente et Grand Aigle de la Légion d’Honneur . (22)

A cette occasion la municipalité de Sancerre lui adressa ses félicitations. Il y répondit d’une manière assez banale, en faisant la promesse d’intéresser l’Empereur en faveur de la ville de Sancerre et du département, chose qu’il oublia probablement, car l’effet de cette promesse ne se fit jamais sentir. (23)

En 1810, il commanda en chef l’Armée de Catalogne avec le titre de Gouverneur de cette province et servit dans la péninsule jusqu’à la fin de 1811. (24)

En 1812, il fut la compagne de Russie à la tête du 10ème cors d’armée et 1813 commanda le 11ème corps dans la campagne de Saxe . (25)

En 1814, dans la campagne de France, il commanda l’aile gauche de l’armée. (26)

Nommée Pair de France , Chevalier de Saint Louis , et gouverneur de la 21ème division militaire dont le siège était à Bourges , après la restauration des Bourbons, il commanda en chef l’armée de la Loire en 1815. La même année, il fut nommé Grand Chancelier de la Légion d’Honneur , major Général de la Garde Royale, Ministre d’État et Membre du conseil privé. (27)

Puis en 1816 Commandeur de l’Ordre de Saint Louis, Grand Croix du même ordre et Chevalier de l’Ordre de Saint Esprit en 1820. Il mourut au mois de septembre 1840, en son Château de Courcelle près Gien , à l’âge de 75 ans. (28)

Le Maréchal Macdonald (Macdonald Duc de Tarente, Maréchal) était d’un caractère excessivement fier et cette fierté était même poussée à l’excès. Le souvenir de ses premières années l’obsédait et la pensée de retrouver à Sancerre des personnes qui avaient été témoins de sa misère, l’empêcha toujours de revenir dans le pays. Cette répulsion qu’il éprouvait pour la ville de Sancerre et des sancerrois se manifesta même d’une manière peu digne pendant la campagne d’Italie en 1798. Un nommé Jacques Thème dit « Tic-Toc », originaire de Sancerre, qui avait habité la même rue que le maréchal, et avait été son camarade d’enfance bien qu’âgé de quelques années de moins que lui se {Bonnin page : 239} trouva un jour, comme militaire, dans la même ville que Macdonald (Macdonald Duc de Tarente, Maréchal). Il eut l’idée d’aller lui faire une visite. Mis en présence du maréchal, celui-ci lui demanda ce qu’il désirait. Thême lui déclara avec bonhomie qu’il était venu lui faire une petite visite d’amitié comme ayant été son ami d’enfance et il déclina sa qualité de Sancerrois en même temps que ses noms, prénoms et surnoms. Macdonald (Macdonald Duc de Tarente, Maréchal) lui déclara catégoriquement qu’il n’avait aucun souvenir de lui. Tout abasourdi d’une pareille déclaration, notre brave Thême s’écria alors avec naïveté : comment mon général, vous ne me reconnaissez pas ! Vous ne reconnaissez pas Victor avec qui vous alliez ramasser du bois sec et du crottin sur le chemin de Bourges  ! » . Il avait à peine fini de parler qui déjà le maréchal l’avait empoigné par les épaules et lui ennuyant un coup de pied au bas des reins, il le jetait dehors. Thême garda longtemps le souvenir de cette aventure qu’il racontait à qui voulait l’entendre et il ne se flottait certes pas d’avoir pour compatriote le maréchal Macdonald (Macdonald Duc de Tarente, Maréchal) qui reniait ainsi son ami d’enfance et son pays d’adoption. (29)

En 1816, cependant, lorsqu’il fut question de fonder l’hôpital actuel , il fit émettre à la municipalité une souscription de six cents francs. (30)

Le maréchal Macdonald (Macdonald Duc de Tarente, Maréchal) avait épousé en 1ernoces Mademoiselle Jacob à la mort de celle-ci, il épousa Mademoiselle de Montholon , Veuve du Général Joubert , fille de Mathieu Marquis de Montholon , colonel du régiment de Ponthievre Dragons et d’Angélique Aimée de Rostaing . En 3ème noces, il épouse, en 1823, Ernestine Thérèse Gasparine de Bourgoin fille de Jean François Baron de Bourgoin , Ambassadeur de France en Saxe et de Marie Benoist Joséphine de Prevost . (31)