Description de Sancerre de Léopold Bonnin : Prieuré de Saint Père la None de la fondation à la révolution


Prieuré de Saint Père la None de la fondation à la révolution ( Présent dans )(1)

Rien dans l’histoire de Sancerre ni dans aucune autre ouvrage n’indique l’époque de la fondation de ce prieuré. Monsieur l’Abbé Poupard nous apprend seulement qu’en 1144, les religieux y étaient déjà installés et y desservaient une sorte d’Hôpital (Hôtel Dieu). Dans mon opinion, ils y étaient à cette époque depuis près d’un siècle. (2)

Le costume des Religieux de Saint Père était soutane blanche, ceinture noire, bas noirs, chapeau et rabat à la mode des séculiers. (3)

L’église du prieuré qui était édifiée sur l’emplacement du bosquet situé au fond de la cour, c’est à dire à l’angle de la Place de l’Orme de Saint Père et de la rue conduisant à la Place de la Paneterie , était de plein pied avec la place. Elle fut détruite en 1561 par le Seigneur de Mouchy qui commandait les bandes huguenotes . Le mûr longeant la Rue de Saint Père reste seul debout avec la Porte Romane qui se voit encore aujourd’hui sur la place voisine et qui est à n’en pas douter le plus vieux monument de la ville (voir le dessin de cette porte à l’article de la Place de l’Orme de Saint Père . La cave, elle même avait presque le même niveau {Bonnin page : 199} que la place. Quatre ou cinq marches à peine étaient nécessaires pour y descendre. Elle est facile de s’apercevoir que la partie supérieure de l’escalier actuel n’a été construite qu’après le remblaiement de l’emplacement anciennement occupé par l’église. (4)

Les historiens n’indiquent pas la destination que veut le prieuré après la destruction de l’église. Il avait été très endommagé par les huguenots et les religieux l’avaient abandonné et s’étaient retirés à Saint Satur . Il est très probable qu’il resta inhabité en raison de son mauvais état jusqu’au moment où il fut arrenté (arrenter) ainsi qu’il va être dit ci-après. (5)

Le vendredi 6 novembre 1654, les religieux de Saint Satur considérant que le bâtiment de Saint Père leur était inutile et pouvait devenir plus tard pour l’abbaye une source de dépenses, se réunirent. Étaient présents Frères Nicolas Rémond , Erard de Changy , Gabriel Dussillat , Prêtres et Jean Dupuis , diacre. Le Frère de Changy exposa que le bâtiment de Saint Père était en mauvais état est qu’il conviendrait de l’arrenter pour en éviter la ruine et perte totale, à condition de le mettre au ban et suffisant état et l’entretenir pour le bien et profit de la dite « abbaye ». Avant de prendre une décision définitive l’assemblée décida qu’une visite serait faite par experts de l’état de la dite maison. (6)

A la suite de cette séance intervint le jeudi 12 du même mois une ordonnance de Maître René Gressin , bailli générale des bailliages, terres, justice et châtellenie de Saint Satur , Savigny , Belleville , Merves et membrée, qui en dépendaient, ordonnant qu’une descente sur les lieux devrait être faite par le dit Bailly , le Sieur Bellin , son greffier et les sieurs Loup Delaage , maçon public, Ravion charpentier et Denis Salmon , couvreur , à la charge par ces trois derniers de prêter préalablement serment devait le bailli de Saint Satur , en son hôtel à Sancerre. (7)

Le samedi suivant, 14 novembre, eurent bien la prestation de serment et la visite des bâtiments. Les experts constatèrent le mauvais état de l’immeuble et les religieux de Saint Satur sur la lecture du rapport des dits experts, consentirent par acte capitulaire du 6 janvier 1655, à ce que leur Abbé Monsieur de Rochechouard en fit l’arrentement , déclarant ratifier et approuver cet acte par avance. (8)

Celui-ci ayant eu l’occasion de voir peu après Messire Guillaume Gourru , Curé de Sancerre, qui habitait alors la maison occupée actuellement par Monsieur Quillier (Napoléon Quillier-Decencière) Napoléon, notaire , Rue du Méridien , en face le Clocher , lui fit part de la décision prise par le Chapitre de l’Abbaye de Saint Satur et l’engagea à faire auprès des principaux catholiques de la ville des démarches à l’effet d’obtenir de ceux-ci la translation de la maison curiale à Saint Père et l’arrentement à leur profit de l’ancien prieuré. Cette proposition fut agréée par le Curé Gourru et après avoir pris l’avis de son conseil de fabrique (Conseil de fabrique de la paroisse de Notre Dame de Sancerre) . Il convoqua au prône les catholiques en assemblée générale dans l’église Saint Jean {Bonnin page : 200} pour le dimanche trois octobre 1655, à la requête de Monsieur Louis Paulin , Échevin et de Monsieur Jean Duboys , procureur fabricien . Monsieur Étienne Millet , bailli de Sancerre, présida la réunion qui eut lieu au jour indiqué. Messieurs Louis Dargent , Président au grenier à sel , François Myjonnet , notaire , Louis Paulin Échevin et notaire , Rossignol procureur et notaire , Jean Duboys procureur , Pierre Colleau notaire , François Coillard boulanger , Léonard Deriencourt procureur , Pierre Colleau le jeune, notaire , Louis Salmon procureur , Jean Gauchier procureur , Gourru Curé et Gévry greffier y assistaient comme représentant la plus grande et saine partie des habitants catholiques. Les sieurs Paulin et Duboys exposèrent que les habitants avaient été condamnés à fournir une maison pour le logement et presbytère du curé de la paroisse, même à payer les loyers de celle qu’il occuperait à l’avenir, qu’ils étaient contraints annuellement de lever sur eux la somme de quarante livres pour payer les dits loyers et qui s’ils ne trouvaient pas une maison propre et commode pour ce prix là, ce serait pour eux une grande charge, qu’ils avaient eu avis que le Logis de Saint Père était à arrenter , que ce logis serait fort propre et commode pour le dit curé et ses successeurs et qu’on pourrait à l’avoir pour 20 ou 25 livres, ce qui serait un soulagement pour les habitants. (9)

L’assemblée fut du même avis et à l’unanimité des suffrages Messires Paulin Duboys et Gourru furent délégués pour s’entendre avec l’abbé de Saint Satur ou son fondé de pouvoirs à l’effet d’orrenter (arrenter) au nom des habitants catholiques le Logis de Saint Père pour la somme de 20 à 25 livres au plus. (10)

Les sur-nommés s’occupèrent immédiatement de cette affaire avec l’Abbé de Saint Satur et le 17 février 1656 l’acte d’arrentement fut passé devant Monsieur Jean Bellin notaire audit lieu. Par cet acte, le Sieur Jean Marpon , Écuyer , Sieur du Clou, conseiller du Roi et trésorier général de France en la Généralité de Bourges y demeurant paroisse de Saint Austrogéoile fondé de pouvoirs de haut et puissent Seigneur Messire François de Rochechouard , Chevalier de l’Ordre de Saint Jean de Jérusalem , Commandeur de Lagny le Sec et de Saint Jean de Senlis, abbé commendataire de l’abbaye et monastère de Saint Satur , Seigneur spirituel et temporal dudit lieu, Savigny , Belleville , Merves , Coussy et Courjouant, membres et dépendant des dit Saint Satut, Grand Écuyer de Monseigneur le Duc D’Anjou frère unique du Roi, demeurant en la ville de Paris , Rue de Richelieu paroisse de Saint Roch, suivant procuration passée devant Maîtres Lecat et Le Sommellier notaires au Châtelet de Paris le 24 janvier 1656, arrenta (arrenter) la maison de Saint Père de Sancerre aux habitants catholiques dudit lieu, moyennant vingt cinq livres de rente et deux deniers de cens. A la garanti et sûreté du payement de la dite rente, les dits Sieurs Gourru Curé, Paulin Échevin et Duboys fabricien , affectèrent et hypothéquèrent tous les biens et revenus de la Cure de Sancerre et ce solidairement, les un répandant pour les autres, au choix et option de l’abbé de Saint Satur et de ses successeurs. (11)

Le Curé de Sancerre entreprit aussitôt le réparation de l’immeuble qui lui coûta ainsi {Bonnin page : 201} qu’aux habitants catholiques une somme considérable. Il s’ installa la même année. (12)

La rente ci-dessus ne fut payée que pendant douze ans. En qualité de décimateurs l’Abbé de Saint Satur et ses religieux furent interpellés l’année même de l’arrentement à l’effet de contribuer aux réparations de l’église paroissiale de Sancerre. Ces réparations étaient importantes et les décimateurs reculant toujours pour les faire malgré l’urgence bien constatée. Le revenu de l’abbé et ses religieux fut saisi en 1668. Pour n’avoir plus à contribuer à l’avenir à pareille dépense, l’abbé de Saint Satur fit le 17 mars même année par acte reçu Messieurs Néra et Delaunay , notaires à Paris , l’abandon au profit des habitants de Sancerre des 25 livres de rente et deux derniers de cens qui étaient dus sur le logis curial. (13)

De 1656 à la révolution de 1793, le Logis de Saint Père fut occupé successivement et sans aucune interruption par Messires Guillaume Gourru , Pierre Voille , François Heuilhard , Jean Deschamps , Jacques Bouvier , Gabriel Pierre Mellin , Aubin Brillon de Jouy , Michel Serais et Vincent Poupard , curés de Sancerre. (14)

Cet immeuble ne fut pas déclaré bien national et les bâtiments d’habitation se trouvant vacants, en 1797, furent affectés au logement du principal de Collège (Collège Communal). (15)