Description de Sancerre de Léopold Bonnin : Manifestation contre le maire suite aux déplacements d’une urne de votes


Manifestation contre le maire suite aux déplacements d’une urne de votes ( Présent dans )(1)

Une petite maison à la Veuve du Sieur Jacques Léveillé dit « Taureau » ( ou ‘Toyau ») la même qui fut la cause, en 1848, d’une manifestation dans laquelle Monsieur Lamare , maire, faillit perdre la vie. C’était au cours de l’élection ayant pour objet la nomination du président {Bonnin page : 153} de la République. Toutes les communes du canton votaient au chef lieu. Il y avait une affluence considérable à l’Hôtel de Ville et sur la Place de la Paneterie . La Garde Nationale de Sancerre avait fourni un peloton pour monter la garde à la Mairie (Hôtel de Ville) et maintenir l’ordre s’il venait à être troublé. Le Sieur Léveillé en faisait partie et se trouvait de garde à la porte de la salle du scrutin lorsque pour une raison que je l’ignore, peut être pour une vérification quelconque le maire et les scrutateurs prirent l’urne après la clôture du scrutin, vers 6 heures du soir, mais avant le dépouillement des votes et la transportèrent dans le cabinet du maire qui est contigu à la grande salle. Le Sieur Léveillé , homme violent, inintelligent et soupçonneux en conclut de suite que les votes allaient être changés. Il appela la garde (La Garde Nationale), criant de toute la force de ses poumons que le maire voulait ôter des voix au Prince Louis Napoléon et les reportés sur le Général Cavaignac . En un instant l’Hôtel de Ville fut envahi et le maire menacé d’être jeté par les fenêtre. Les gens de Saint Thibault se montrèrent les plus exaltés dans cette circonstance. Il n’y avait pas seulement danger pour la vie du maire, mais encore pour celle de toutes les personnes se trouvant en ce moment dans l’Hôtel de Ville car il est extraordinaire que les planchers ne se seraient pas effondrés sous la charge énorme qu’ils supportaient. Grâce à quelques un de ses amis, qui s’étaient groupés autour de lui et qui l’avaient garanti jusqu’alors, le maire put se retirer et gagner son domicile situé proche de là, Rue Saint Denis . La foule l’y suivit et stationna devant la porte, qui avait été solidement barricadée à l’intérieur, ainsi que sur la Place du Puits du Marché , jusqu’à plus de dix heures du soir, en proférant des menaces qui, heureusement, ne furent pas mises à exécution. Dans un moment d’effervescence comme celui où la paye se trouvait à cette époque, Monsieur Lamare et ses assesseurs eurent tort de prêter à la critique et à la malveillance en transportant l’urne hors de la vue du public, mais l’honorable maire était trop honnête et trop loyal pour pratiquer la manœuvre qui lui attribuait le Sieur Léveillé . (2)